Selon Julien Bayou, le porte-parole d'Europe Ecologie les Verts, le renouvelable permet de créer 4 à 6 fois plus d'emplois que le nucléaire. C'est faux.
Vrai-Faux : l’excès d’optimisme des écologistes.
Alors que le développement des énergies renouvelables sera au cœur de la feuille de route énergétique que Nicolas Hulot doit bientôt présenter, le porte-parole d’Europe Écologie Les Verts le presse d’accélérer la sortie du nucléaire. Pour Julien Bayou, des dizaines de milliers d’emplois seraient créés.
"Il y a beaucoup plus d’emploi dans les renouvelable que dans le nucléaire, mais c’est jusqu’à 4, 5, 6 fois plus d'emplois !"
Le renouvelable crée 4 à 6 fois plus d’emplois que le nucléaire. Vrai ou faux ?
C’est faux. Monsieur Bayou recycle une vielle étude que tous les spécialistes ont abandonnée : des chercheurs américains avaient tenté d’établir, en 2010, le nombre d’emplois créés pour chaque gigawatt-heure d'électricité produite. Il en fallait 14 dans le nucléaire, 17 dans l’éolien terrestre, et 87, donc 6 fois plus, dans le photovoltaïque. Sauf QUE : ils prenaient tout en compte. La construction, comme l'exploitation. Ils ne se demandait pas où se trouveraient ces emplois, et les coûts des énergies renouvelables depuis, ont considérablement baissé, de même que le nombre d’emplois qui leur sont associés. Les chercheurs se sont tellement trompés que peu se risquent, aujourd'hui, à des prévisions.
Ce qu’on peut regarder, c’est une photographie des emplois aujourd’hui. Le nucléaire fait travailler 125.000 personnes en emplois directs, pour une production de 380 000 gigawatt-heures l’an dernier : le ratio est donc de 3 emplois pour 100 gigawatts produits. Le renouvelable lui, toutes filières confondues, employait 82 000 personnes en 2015 (pour 94 700 GWh produits cette année-là) selon l'Ademe. Le ratio est donc plus favorable : 9 emplois pour 100 GWh. Mais la moitié sont liés aux phases de construction, d’installation des systèmes, qui par définition, ne vont pas durer. Si l’on ne retient que le travail de maintenance, d'exploitation, quand les parcs seront installés, on arrive environ au même niveau que le nucléaire, et il est difficile de prédire l’avenir.
Parce qu'il dépend de trop de paramètres.
Les professionnels de la filière photovoltaïque, par exemple, promettaient 100.000 emplois d’ici 2020. Il y a eu moins de 4.000. Parce que la France n’a pas développé d’industrie, on achète nos modules en Chine. Et pour l’éolien, c’est pareil : l’Allemagne, qui a su développer une vraie filière, compte deux fois plus d’emplois que la France par mega-watt installé.
Alors certes, l’Ademe a calculé que 900.000 emplois nets pourraient être créés d’ici 2050 grâce au développement des énergies renouvelables, en incluant la construction, le transport. Cela reste posible. Mais c'est là qu’on se souvient des 230.000 jobs promis en 2007 au moment du grenelle de l’environnement. On le sait aujourd'hui : il y en a eu 10 fois moins. Faut-il le déplorer ? Le choix se porte vers les énergies propres. Parce qu’elles sont propres, justement. Pas parce qu’elles sont plus rentables, ou productives.