Alors qu'Emmanuel Macron s'apprête à recevoir Vladimir Poutine à Versailles, Myriam Encaoua nous livre son édito politique.
Auréolé de ses premiers pas sur la scène internationale, Emmanuel Macron s’attaque à un grand fauve de la diplomatie mondiale : Vladimir Poutine. Cette rencontre n’est pas une visite d’Etat mais un premier contact où les symboles seront importants ?
Pour recevoir Vladimir Poutine, Emmanuel Macron a trouvé le lieu idéal : Le château de Versailles ! Par son faste et ses ors, l’antre du Roi soleil a tout pour nourrir l’orgueil du maître du Kremlin. L’évènement d’abord : une exposition sur Pierre le Grand, trois-cent ans après la visite du grand tsar, fondateur de Saint-Pétersbourg (la ville où Poutine a aiguisé ses ambitions avant de prendre le contrôle de la Russie).
Dans cette nation qui ressasse l’humiliation de la disparition de la grande URSS, vaincue par l’Occident, et dont le retour sur la scène internationale prend des allures de revanche, Versailles offre toute la majesté nécessaire. Seuls les grand de ce monde y sont invités.
Ça veut dire qu’Emmanuel Macron est prêt à tourner la page des tensions entre Paris et Moscou ?
Ça s’appelle de la diplomatie. Macron veut dégeler les relations. Il sait bien que Poutine est attaché aux symboles et encore plus aux manifestations du pouvoir, Ça tombe bien Macron aussi. Il prend donc Poutine sur son terrain mais à front renversé ! Il aurait pu ne pas lui pardonner d’avoir choisi Marine Le Pen en la recevant à Moscou pendant la campagne présidentielle ou d’avoir laissé les médias russes propager des fake news à son sujet.
Non, magnanime, il choisit de tourner la page sans rien oublier des affronts subis, bref il fait de la politique.
Au-delà des mots, peut-on s’attendre à ce que les lignes bougent sur les dossiers qui fâchent ?
Non c’est trop tôt ! Ils parleront de la Syrie et de l’Ukraine mais le bras de fer sera toujours là ! En revanche, il faudra être attentif aux messages, le tsar Pierre le Grand était tourné vers l’Occident, il est celui qui a dressé des ponts entre l’Europe et la Russie.
Le poids des symboles mais attention Versailles n’est pas l’Élysée. En clair, la France ne néglige pas la grandeur russe. Mais elle ne déroule pas à Poutine, le tapis rouge rue du faubourg Saint-Honoré.
Paris ne le considère pas comme un interlocuteur normal !
L’art de faire passer un message en évitant les mots qui fâchent…