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SAISON 2016 - 2017, modifié à

Chaque matin, Yves Thréard nous livre son analyse politique à quelques jours du second tour de l'élection présidentielle.

Le retour risqué de Macron en Hollandie.

Oui, il y avait un sérieux goût de quinquennat finissant, hier, au meeting de Macron à La Villette. Voir Ségolène Royal, symbole s’il en est de la Hollandie, aux côtés de Harlem Désir, Bertrand Delanoë, Jean-Yves Le Drian et quelques autres figures du socialisme malade, cela paraissait un peu baroque.
Encore plus quand Macron les saluait ou interpellait par leur prénom. Il est même allé jusqu’à rendre hommage à l’action de Ségolène Royal sur le terrain de l’Ecologie, qui fut pourtant bien timide.
Pour le candidat d’En Marche!, qui plaide le renouveau, prétend s’inscrire hors du système et faire de la politique autrement, il n’est pas sûr que cet épisode lui ait permis d’afficher la rupture qu’il désire avec François Hollande.

Surtout que Marine Le Pen s’est encore employée hier à faire de Macron l’héritier du chef de l’État sortant.

Macron peine à sortir de ce piège. L’objectif de Marine Le Pen est de montrer que Macron est l’incarnation de la gauche bobo, celle de la finance, de la banque, de l’argent roi. Tout ce contre quoi Hollande avait promis de lutter dans son discours du Bourget en 2012. Il n’y est pas arrivé, et Macron en est, pour elle, la preuve vivante.
Si vous ajoutez à cela la soirée de La Rotonde, qualifié de Fouquet’s de gauche par le FN, dimanche dernier, le soutien de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), la présence très people et omniprésente de son épouse Brigitte, sa défense appuyée hier du mariage pour tous, Macron passe nécessairement aux yeux de l’électorat populaire pour un candidat libéral-libertaire, mondialiste, loin du peuple.
Il dit qu’il veut refonder le pays, mais les signaux médiatiques qu’il donne sont majoritairement ceux d’une certaine élite. Et ce n’est pas en visitant le village martyr d’Oradour-sur-Glane ou en multipliant les commémorations sur le thème de la lutte contre l’extrémisme, comme l’a beaucoup fait Hollande, qu’il fera taire la colère d’une partie des Français.

Macron est donc sur la défensive quand Le Pen ne cesse d’attaquer.

Ce n’est pas anodin d’entendre Macron parler de résistance à plusieurs reprises. Oui, il tente de résister au rouleau-compresseur Le Pen, mais il n’arrive pas à prendre l’initiative dans cet entre-deux-tours.