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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce lundi, Virginie Phulpin s'intéresse à l'omniprésence de Peng Shuai aux Jeux olympiques de Pékin. Selon elle, il s'agit d'une opération de communication rondement menée par Pékin.

Peng Shuai est partout aux Jeux olympiques d’hiver de Pékin. La joueuse de tennis assiste à de nombreuses compétitions, elle a dîné avec le président du CIO ce week-end, et elle a même accordé une interview à l’Equipe. Sa première à un journal étranger depuis le début de l’affaire. C’est une opération de communication rondement menée par Pékin. 

Si vous ne voyez pas Peng Shuai en tribunes en regardant les JO d’hiver, vous avez raté vos jeux. Elle est partout, du curling au hockey, elle est presque devenue la mascotte de l’équipe chinoise. Parce que la joueuse de tennis aime le sport ? Sûrement. Mais surtout parce que Pékin veut la montrer. Regardez comme elle va bien ! C’est déjà une bonne nouvelle en soi : Peng Shuai va bien physiquement. Pour le reste, on a le droit d’avoir quelques doutes. C’est aussi ce qu’on retient de l’interview qu’elle a accordée à l’Equipe. Vous l’avez dit, c’est sa première à un journal étranger depuis 3 mois et les débuts de l’affaire. Quand elle a posté un message sur le réseau social chinois pour accuser de viol un ancien vice Premier ministre et que ce message a disparu comme celle qui l’a écrit, entraînant des réactions en chaîne dans l’ensemble du sport mondial.

Et ce qui ressort de l’interview, c’est qu’il vaut mieux lire entre les lignes que les lignes elles-mêmes. D’ailleurs l’Equipe n’est pas dupe. Le discours de Peng Shuai est un modèle du « circulez il n’y a rien à voir ». Il n’y a pas d’affaire, je me demande pourquoi beaucoup de gens se sont inquiétés pour moi, c’est un énorme malentendu, je n’ai jamais accusé personne d’agression sexuelle, je n’ai jamais disparu, il y a eu un bug informatique à la WTA, et je vis une vie normale de joueuse ordinaire. Ou comment élever la langue de bois au rang d’art. 

Entre les lignes, c’est un peu moins clair.

 

Quand Peng Shuai explique qu’elle n’a pas vraiment suivi les remous provoqués par son affaire dans le monde entier, elle dit que c’est parce qu’elle ne lit pas bien l’anglais. Pour quelqu’un qui s’est toujours exprimée en anglais sur le circuit de tennis, il y a quelque chose qui ne va pas. Quand les journalistes de l’Equipe lui disent que Nicolas Mahut voudrait jouer avec elle en double à Roland Garros, sa première réaction c’est de demander « c’est quand ? ». Après 15 ans de carrière, on sait à peu près quand ont lieu les tournois du grand chelem… On comprend qu’elle ne reprendra pas sa carrière. Et que ce n’est pas juste parce qu’elle a 36 ans et que la pandémie complique tout. Non. Entre son dîner avec le président du CIO et toutes ses apparitions sur les sites des jeux olympiques, Peng Shuai n’est plus vraiment une sportive. Elle est devenue celle que le régime chinois exhibe pour montrer que tout va bien. En forme, oui. Libre, absolument pas. Et ses apparitions régulières mettent plus mal à l’aise qu’elles ne rassurent.