Anicet Mbida nous présente chaque matin les plus belles inventions françaises.
Un pari aussi fou que vendre de la neige aux Esquimaux. Et pourtant, ça marche ! Ses baguettes sont commercialisées depuis deux mois, et elles font déjà fureur sur les tables de Shanghaï et de Hong Kong. Attention, il ne s’agit pas de n’importe quelles baguettes : des baguettes haut de gamme, en inox et bois précieux, parfaitement équilibrées (on attrape facilement un grain de riz avec).
L’idée vient de la SCIP : une coutellerie auvergnate, installée depuis 1850 à Thiers, dans le Puy-de-Dôme. Avec la concurrence asiatique, ses couteaux se vendaient moins bien. Elle a donc cherché à se diversifier. Le patron étant fan de cuisine chinoise, il a remarqué que le segment des baguettes haut de gamme était déserté et que les Chinois adorent les produits Made in France. Confiant, il s’est donc lancé.
Une façon aussi de prendre sa revanche, puisqu’il pique des parts de marché aux Chinois, exactement comme les Chinois lui avaient tondu la laine sur le dos dans les années 1980. Ce raz de marée asiatique a fait beaucoup de mal à Thiers. Il ne reste qu’une centaine d’entreprises de coutellerie familiales, pour environ 1.700 emplois. On est très loin de l’âge d’or du 19e siècle, où 25.000 personnes travaillaient le métal dans la ville. Et si le savoir-faire a été préservé, c’est avant tout grâce à l’innovation et au prix d’une montée en gamme.
Aujourd’hui, 80% des couteaux français viennent de Thiers. Même les Laguioles y sont fabriqués. Ce qui explique une certaine rivalité entre les deux villes pourtant distantes de 200 kilomètres.