Finalement, le mois de janvier ne fut qu’une pause bien éphémère. Après une légère baisse du chômage en janvier (-0,5%), le nombre de demandeurs d’emploi est reparti à la hausse en février : +0,4% en catégorie A et +0,6% en cumulant les catégories A, B et C. Le redémarrage de l’économie française reste donc très, très poussif, même si le ministère du Travail y trouve de quoi se réjouir : la hausse de février est moins importante que la baisse de janvier.
12.800 demandeurs d’emplois supplémentaires. Fin février, Pôle emploi dénombrait 3,394 millions de chômeurs inscrits en catégorie A, c’est-à-dire sans aucune activité. Un chiffre en hausse de 0,4% par rapport au mois précédent, soit 12.800 demandeurs d’emplois supplémentaires. La tendance est encore moins bonne si on y ajoute les demandeurs d’emplois exerçant une activité réduite, c’est-à-dire les catégories B et C : Pôle emploi dénombrait 30.400 inscrits supplémentaire en février, soit une hausse de 0,6%.
Seule bonne nouvelle, le nombre de demandeurs d’emplois en catégorie A de moins de 25 ans a reculé (-,03%), alors que les voyants sont dans le rouge pour les 25-49 ans (+0,4%) et pour les seniors (+0,7%).
Toujours pas d’inversion de la courbe. Ces mauvais chiffres tranchent avec ceux de janvier, qui constituaient la plus importante baisse du chômage depuis le début du quinquennat Hollande. Un recul du chômage d’autant plus remarqué que de nombreux indicateurs économiques viennent de repasser dans le vert : faillites moins nombreuses, croissance revue à la hausse, reprise de l’intérim, etc.
Une reprise de l’activité visiblement pas encore suffisante pour faire durablement baisser le chômage, qui a donc repris en février son inexorable hausse, comme le montre cet infographie :
Le retour de la com' ministérielle. Malgré ces mauvais chiffres, le ministre du Travail François Rebsamen a trouvé matière à se réjouir. D’abord en insistant sur le seul voyant resté vert, le chômage des moins de 25 ans : "depuis début 2013, première année de pleine mise en œuvre des Emplois d’avenir, le nombre de jeunes demandeurs d’emploi inscrits en catégorie A a diminué de 1,3 %, soit -6 800 jeunes. Associés à la Garantie jeunes notamment, ces dispositifs mis en place pour l’emploi des jeunes sont un succès", précise le communiqué du ministère.
Ensuite en raisonnant non pas sur un mais deux mois : en cumulé, la baisse de janvier a été plus importante que la hausse de février, si bien que depuis le début de l’année le chômage a baissé. "Depuis 2008, c’est la première fois que l’on constate une baisse du nombre d’inscrits en catégorie A sur les deux premiers mois de l’année", se félicite le ministre.
"Un frémissement du côté du marché du travail". La lecture de François Rebsamen est un brin optimiste mais cela s’explique : les spécialiste de l’emploi estiment que le pire est derrière nous et que l’économie française redémarre, même si cela se fait par à-coups. Soulignant que "les chiffres mensuels de Pôle emploi sont très volatils", l’économiste Mathieu Plane préfère ainsi raisonner à plus long terme. Et de ce point de vue là, la situation s’améliore lentement.
"Il y a sûrement un frémissement du coté du marché du travail mais de façon insuffisante pour voir plusieurs mois de baisse consécutive du chômage. On est donc dans une période de volatilité, avec des périodes où on aura des baisses suivies de hausses, puis une nouvelle baisse", a souligné pour Europe 1 le directeur adjoint du Département analyse et prévision de l’OFCE. Et ce dernier de conclure : "On est dans une période de convalescence de l’économie, notamment grâce à la baisse des prix du pétrole et la très forte baisse de l’euro. Tout cela va commencer à produire des effets, mais cela prend du temps".
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