Le chauffeur du car est au coeur de l'enquête sur l'accident de car mortel dans le Doubs. Dans l'accident mortel survenu mercredi matin dans la commune de Montbenoît, dans le Doubs, l'enquête s'oriente vers la double piste : mauvaise météo couplée d'une vitesse excessive. Deux adolescents, un garçon âgé de 12 ans et une fille âgée 15 ans, sont morts dans cet accident de transport scolaire. Sept autres personnes ont été blessées légèrement, dont le chauffeur du bus, mis en examen jeudi pour homicides involontaires, a-t-on appris de source proche du dossier.
"J'essaye d'oublier mais c'est très dur". Romain, 12 ans, était dans le bus au moment de l'accident, où il a perdu l'un de ses amis. "Le bus a glissé sur la route et puis s'est retourné dans un champ à cause d'un talus. J'ai été projeté contre la vitre et plein de gens ont été projetés sur le toit", raconte-t-il sur Europe 1. Le garçon se souvient "des personnes en sang, des cris. Et le conducteur qui essayait de sauver des personnes. Il a vu deux enfants sous le bus. Il essayait de creuser pour aller les chercher mais il n'a pas réussi. Il criait 'non, pas ça, non'. Au début, on ne sait pas s'il y a des victimes, si c'est nos copains ou pas. Puis quand on sait, on a un gros chagrin. J'ai beaucoup pleuré. J'essaye d'oublier mais c'est très dur".
Du verglas et de la neige. Concernant les circonstances entourant le drame, on sait qu'au moment de l'accident, le car de ramassage scolaire se rendait au collège Lucie-Aubrac dans la commune de Doubs, près de Pontarlier, a précisé la préfecture dans un communiqué. La route était verglacée, il neigeait et le bus scolaire, qui transportait 32 enfants, a quitté la chaussée, recouverte de deux centimètres de neige et s'est couché sur le flanc gauche.
Le véhicule aurait glissé sur quelques dizaines de mètres avant de se renverser sur le bord cette route, située près de Montflovin, petite ville située près de la frontière suisse. "C'est un bus qui a fait une sortie de route", a résumé le centre opérationnel de la gendarmerie du Doubs. Selon des témoignages d'enfants présents à bord de l'autocar, les vitres du véhicule ont explosé au moment du choc. Le pare-brise, à l'avant du car, n'a pas résisté lors de l'accident.
Une vitesse excessive ? Les raisons de la sortie de route de l'autocar, qui circulait sur une voie étroite entre une montagne et une rivière, n'ont pas été précisées, mais aucune collision avec un autre véhicule n'a eu lieu. Les conditions de circulation, bien que difficiles, étaient considérés comme normales dans cette région et la route avait été déneigée tôt mercredi matin avant le passage du car.
Selon Christine Goulard-de-Curraize, vice-procureure du parquet de Besançon, des premiers témoignages font état d'une possible vitesse excessive, compte tenu des conditions météorologiques (chutes de neige, rafales de vents et chaussée glissante). Selon notre envoyé spécial sur place, en raison des conditions météorologiques défavorables, la circulation était en effet restreinte à 40km/h.
Le chauffeur mis en examen pour homicide involontaire. La procureure de Besançon, Edwige Roux-Morizot, qui s'est rendue sur place, a déclaré que le chauffeur, conduit à l’hôpital après l'accident, avait été, comme le veut la procédure, placé en fin de matinée en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte pour "homicide et blessures involontaires".
Les tests d'alcool et de stupéfiants, effectués sur le chauffeur de 25 ans, se sont révélés négatifs. L'homme, qui avait obtenu son permis chauffeur en 2015 et travaillait dans la société de transports depuis décembre dernier, était "en état de choc", a-t-on appris auprès du conseil départemental du Doubs. L'homme, âgé de 25 ans, a été mis en examen pour "homicides involontaires et blessures involontaires par imprudence pour vitesse excessive eu égard aux conditions climatiques et à l'état de la chaussée", mais n'a pas été placé sous mandat de dépôt, a-t-on précisé de même source.
Le chronotachygraphe du car - c'est-à-dire la "boîte noire" du véhicule - a été confié à la Dreal (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) de Franche-Comté, pour être exploité.
Les rescapés pris en charge. Selon un communiqué du ministère de l'Intérieur, dans le cadre du plan Orsec, les secours sont rapidement intervenus, et tous les rescapés ont été pris en charge. Une cellule médico-psychologique a été activée à la salle des fêtes de Montbenoît, où étaient regroupés les enfants sortis indemnes de l'accident, a indiqué la préfecture. Le recteur et le préfet du département du Doubs se sont rendus sur place. Et le secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies se rendra sur les lieux de l'accident dans la journée.
"Une cellule d'écoute avec des psychologues et une infirmière scolaire" a également été mise en place au collège Lucie-Aubrac, a, pour sa part, rapporté Franck Lucea. Et d'ajouter : "Pour l'instant, on essaie de maintenir au maximum une activité normale dans l'établissement", qui compte 635 élèves.