Quand les avocats sont en colère, le bon fonctionnement des tribunaux est menacé. Depuis mardi, 70% des barreaux français sont en grève. La raison de cette grogne ? La question de l'aide juridictionnelle qui permet aux plus démunis d'accéder à un avocat. Les robes noires ont engagé un un bras de fer avec Christiane Taubira. Certains tribunaux sont particulièrement perturbés, comme à Arras, dans le Pas-de-Calais.
Entre 30 et 40 affaires reportées par jour. Du fait de ce mouvement, les audiences au tribunal d'Arras sont réduites à peau de chagrin, confie un magistrat. Il faut trouver, sous les yeux parfois éberlués des victimes et des prévenus, de nouvelles dates d'audience. Sauf que le calendrier est plein jusqu'au mois de mai prochain. Dans les dossiers de "plaider-coupable", où la présence de l'avocat est indispensable, ce sont 30 à 40 affaires par jour qui sont reportés. Ainsi, quand le mouvement s'arrêtera, il faudra rattraper ce retard en traitant une soixantaine de dossiers dans la journée.
Christiane Taubira voudrait que les avocats contribuent, par un versement, à financer l'aide juridictionnelle. Pour l'avocat d'Arras, Me Etienne Prud'homme, il n'est pas question de payer pour travailler. "On a l'impression que les avocats ont un métier de nanti, qu'ils vivent de rentes. Sauf que l'on se rend compte que ce n'est pas du tout le cas", assure-t-il au micro d'Europe 1. "Effectivement, il y a des cabinets dans lesquels les avocats n'interviennent pas du tout dans au titre de l'aide juridictionnelle. Mais dans des barreaux de province comme le nôtre, l'aide juridictionnelle correspond souvent à une bonne partie de l'activité d'un avocat", explique Me Prud'homme.
"Ne pas favoriser la justice des riches". Dans les faits, le mouvement des avocats est pour le moment relativement indolore dans la plupart des tribunaux, car modéré. A Bobigny, en Seine-Saint-Denis, huit affaires ont été renvoyées sur 43. La donne peut toutefois changer si le mouvement s'inscrit dans la durée. A Arras, les robes noires ont choisi la méthode forte : boycotter presque toutes les audiences. Et Me Prud'homme de justifier : "pour ne pas favoriser la justice des riches, justement".