Alors qu'un étudiant algérien de 23 ans, arrêté dimanche, est suspecté d'avoir voulu commettre un attentat contre une ou deux églises en région parisienne, Europe 1 a reçu jeudi Alain Rodier, directeur de recherche chargé du terrorisme au Centre de recherche sur le renseignement et ancien officier supérieur au sein des services de renseignement. Il prévient que "former des agents de renseignements prend un certain temps" mais "la lutte contre le terrorisme", elle, "va durer des années". Et malheureusement, certains terroristes "passeront les mailles du filet".
Coup de chance. Alors que la France s'inquiète de nouveau pour sa sécurité, Alain Rodier confirme que l'arrestation du jeune étudiant, qui vivait en France depuis 2011, a bien été un coup de chance : "la maladresse de cet individu, qui s'est tiré une balle dans la jambe, a provoqué son arrestation".
"Fiche 'S'". "Il avait attiré l'attention des services de renseignement par le passé", précise néanmoins ce spécialiste. Mais pas assez pour "judiciariser l'affaire". Le suspect avait cependant une fiche "S" aux services de renseignement, soit une "fiche de mise en garde", explique Alain Rodier. À chaque contrôle policier ou de gendarmerie, elle ressort sur l'ordinateur des forces de l'ordre, mais pas de quoi déclencher une arrestation, tempère cet expert.
Rien à voir avec les frères Kouachi. Avec des armes de guerre, des armes de poing, des gilets pare-balles, des munitions retrouvés chez le jeune Algérien, "c'est beaucoup trop pour un homme seul", estime Alain Rodier, "à moins qu'il soit collectionneur". Mais rien à voir avec les frères Kouachi. Selon lui : le suspect de Villejuif n'est pas issu de la petite délinquance, avait fait des études supérieures et ne venait pas d'"une banlieue miséreuse", précise ce spécialiste.
Des complices dans la nature. Peut-on craindre des complices dans la nature ? "Exactement", avance-t-il. "L'enquête est en train de remonter la pelote de laine et c'est pour ça que les enquêteurs restent discrets et que les détails n'apparaissent pas". Les objectifs sont de trouver "les gens avec qui il était en contact ici en France" et "identifier l'individu avec lequel il communiquait en Syrie".
Mieux surveiller les réseaux sociaux. La surveillance des réseaux sociaux est "extrêmement compliquée", reconnaît cet expert. Elle est même "impossible dans la mesure où les moyens sont tellement énormes qu'on ne peut pas tout surveiller", estime-t-il. Et le problème vient "de l'humain", "de l'analyste qui est derrière son ordinateur, qui analyse les différentes interceptions et qui peut en laisser passer", explique-t-il au micro d'Europe 1.
Crime organisé et terrorisme. Se procurer des armes est-il trop facile en France ? "Non, ce n'est pas si facile que ça", avance Alain Rodier, même si "un marché parallèle bien connu existe en Europe". "Même en Grande-Bretagne, où la législation est plus sévère, les truands se procurent des armes", rapporte-t-il. Alain Rodier juge cependant que "les relations entre le terrorisme et le crime organisé ne sont pas assez abordées". L'Etat islamique en profite déjà en s'enrichissant avec la vente du pétrole.
>> LIRE AUSSI - Attentat évité : où en est l'enquête ?
>> LIRE AUSSI - Un attentat "évité" à Paris : qui est le suspect interpellé ?
>> LIRE AUSSI - Attentat "évité" : l'enquête sur le meurtre d'Aurélie relancée