Un passeur kurde irakien plusieurs fois condamné, qui opérait depuis une dizaine d'années à Grande-Synthe, dans le Nord, a été arrêté mardi soir à l'issue d'une opération de grande ampleur de la police qui a dû ouvrir le feu, a indiqué mercredi le parquet de Dunkerque.
La Police aux frontières, aidée par le commissariat de Dunkerque et la PJ de Lille, a mené son interpellation "difficile et violente" dans le cadre d'une commission rogatoire, a rapporté le procureur de la République de Dunkerque Sébastien Piève, confirmant une information de France 3 Hauts-de-France.
Un homme aux plusieurs nationalités ? L'homme de 38 ans "s'est montré particulièrement retors, il s'en est pris aux policiers, usant notamment de bombes lacrymogènes, était armé, même s'il n'a pas tiré", a raconté le magistrat. "Son arme à feu a été sortie et un policier a donc fait usage de son arme: le tir unique a touché le pied du mis en cause, qui est hospitalisé". Même s'il "nous a donné du fil à retordre", "tout s'est passé avec une grande maîtrise, car face à un individu dangereux comme celui-là on n'est jamais à l'abri du pire", s'est félicité Sébastien Piève. L'identité de ce passeur kurde est "sujette à caution" en raison des multiples "alias" qu'il a utilisés au cours des années, a précisé le procureur. Mais il est connu de la justice pour avoir "été condamné à plusieurs reprises pour aide à l'entrée au séjour irrégulier, violences et une interdiction de territoire qu'il a violée allègrement".
Enquêtes sur des viols présumés. En garde à vue depuis mardi soir, l'homme devrait être mis en examen et placé en détention provisoire pour ses agissements de passeur d'ici la fin de semaine. Il devrait en outre, à partir de la semaine prochaine, être poursuivi pour tentative d'homicide sur personne dépositaire de l'autorité publique. Des investigations seront également conduites concernant des viols présumés sur des migrants en vue de les forcer à travailler pour lui.
Condamné en 2007. En septembre 2017, il avait réussi à fuir lors d'une tentative d'arrestation. "Il avait résisté à l'interpellation, et s'était également montré violent, avait sorti une arme et l'avait pointée sur les fonctionnaires, sans tir", a relaté Sébastien Piève. Il a passé les quelques mois séparant ces deux épisodes aux Pays-Bas, et était revenu depuis quelques semaines à Grande-Synthe pour recréer une filière, a indiqué une source policière. L'individu opère dans la région depuis une dizaine d'années. Sa première condamnation avait été prononcée en 2007 par le tribunal correctionnel de Dunkerque pour des faits de 2006.