Ce sera l’un des grands procès de 2016. Fabienne Kabou, qui a avoué avoir tué sa petite fille de 16 mois en la laissant sur une plage de Berck-sur-Mer un soir de novembre 2013, sera jugée pour assassinat. Europe 1 a pu se procurer en exclusivité l'ordonnance de mise en accusation, c'est-à-dire le document qui renvoie cette femme de 38 ans devant la cour d'assises du Pas-de-Calais. On y découvre notamment des éléments de défense de l'accusée, incarcérée à la prison de Sequedin.
Un voyage planifié. Le juge d'instruction a retenu la circonstance aggravante de la préméditation à l’encontre de Fabienne Kabou. Car avant de partir à Berck-sur-Mer, la mère de la fillette retrouvée morte le 20 novembre 2013, s'est renseignée sur les horaires des marées. Elle a acheté des billets de train puis est partie avec Adélaïde, surnommée "Ada", sans emporter ni repas ni couches de rechange. Pour le magistrat, cela veut donc dire que cette femme avait prévu de tuer son enfant.
Perdue dans un désert affectif. Ce geste terrible, Fabienne Kabou, ne l’a pas nié. Lors de ses auditions, elle a reconnu avoir abandonné sa fille en pleine nuit, face à la marée montante, après lui avoir demandé pardon. Cette femme de nationalité française, née à Dakar, a même déclaré se souvenir de la clarté de la lune ce soir de novembre. Mais, si elle en est arrivée là, c'est, dit-elle, parce qu'elle se trouvait dans un état d'extrême solitude.
Un père indifférent ? A la lecture de ce document, on comprend que Fabienne Kabou a beaucoup de reproches à faire à son compagnon, le père d’Adélaïde. Son manque d'intérêt pour elle pendant la grossesse, le fait qu'il ne s'étonne pas de l'absence de suivi médical ou qu'il n'aménage pas leur loft pour accueillir le bébé.
Dans le logement de cet artiste situé à Saint-Mandé dans le Val-de-Marne, les enquêteurs ont trouvé peu d’objets témoignant de la présence d’une enfant en bas âge. C’est d’ailleurs à ce même domicile que Fabienne Kabou a accouché d’Adélaïde, enfant fantôme, qui n’avait pas été déclarée à l’état civil.
Le face à face. Mais les propos de Fabienne Kabou entrent en totale contradiction avec ceux du père qui affirme, lui, s'être occupé de sa fille et avoir même proposé à sa compagne de l'épouser. La confrontation des deux parents sera évidemment un temps fort et central du procès qui se déroulera l’an prochain. Car si Fabienne Kabou sait que son geste sera sanctionné, d’après son avocate, elle souhaite néanmoins que les jurés comprennent le désert affectif dans lequel elle a vécu.