Les concurrents sont sur la ligne de départ. Le Conseil national du Parti socialiste, sorte de "parlement" interne, a enregistré samedi 11 avril quatre motions en vue du 77e congrès du parti, qui se tiendra du 5 au 7 juin à Poitiers. Les militants socialistes voteront sur ces textes le 21 mai.
Ce congrès est crucial. Il sera un bon thermomètre de "l'humeur" du PS pour François Hollande qui, à deux ans de la fin de son mandat, cherchera à rassembler au maximum à gauche pour franchir l'obstacle du premier tour de la présidentielle en 2017. Techniquement, le vote sur les motions servira à désigner le premier secrétaire du PS. Les premiers signataires des deux motions arrivées en tête seront en effet départagés par les militants le 28 mai.
>> Quelles sont les quatre motions en lice ? Qui sont leurs signataires ? Europe 1 vous explique.
• La "motion de synthèse" de Cambadélis
Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire depuis un an, compte bien se succéder à lui-même. Et pour l'instant, le député de Paris semble bien parti pour rassembler la majorité du PS. L'exécutif soutient sa motion, baptisée "le Renouveau socialiste". Surtout, François Hollande est parvenu - au prix de quelques concessions - à rallier Martine Aubry qui, fidèle à elle-même, a fait durer le suspense jusqu'aux dernières heures. D'autres ténors, comme le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone et l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ont eux aussi signé le texte.
Sur l'aile droite du PS, le pôle des "réformateurs", mené par le maire de Lyon, Gérard Collomb, et le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, Jean Marie-Le Guen, a également fini par rallier Cambadélis. Celui-ci peut aussi compter sur la plupart des parlementaires socialistes et des premiers secrétaires de fédérations.
Son texte insiste sur "le renouveau des socialistes par la réussite gouvernementale" et entend "faire de l'égalité le fil d'Ariane de la fin du quinquennat et de l'action du PS dans les prochaines années". Il plaide aussi pour la fondation d'une "nouvelle alliance à gauche", notamment avec les écologistes, qui se déchirent sur l'opportunité d'un retour au gouvernement, et intègre la notion d'"éco-socialisme", sorte de "synthèse entre la social-démocratie et l'écologie politique". Un subtil équilibre par lequel le patron du PS espère ratisser large.
• La motion "frondeuse" de l'aile gauche
Après d'intenses tractations, les courants de l'aile gauche du PS sont tombés d'accord sur un texte commun, intitulé "A gauche pour gagner". Comme l'a révélé Europe 1, cette motion est portée par le député frondeur Christian Paul (photo), proche de Martine Aubry et d'Arnaud Montebourg. Elle réunit les anciens ministres Benoît Hamon et Aurélie Filippetti, les députés frondeurs du collectif "Vive la gauche", ainsi que le mouvement "Maintenant la gauche" de l'eurodéputé Emmanuel Maurel.
Le texte prône "une réelle inflexion" de la politique économique et des "actes forts" pour apporter un "soutien aux investissements", des mesures de "pouvoir d'achat", une "loi bancaire" ou encore une "réforme fiscale". Il demande aussi "plus d'influence" du PS sur le gouvernement.
• La motion des "non alignés"
"La Fabrique", c'est le nom de cette motion dont la première signataire est la députée Karine Berger (photo). Ce texte est soutenu par le courant "Cohérence socialiste", dont les chefs de file sont les députés Yann Galut et Alexis Bachelay. L'ex-ministre Dominique Bertinotti, proche de Ségolène Royal, fait aussi partie des signataires, comme le député Arnaud Leroy, proche d'Arnaud Montebourg. Les propositions du texte, qui tente un compromis entre la ligne de l'exécutif et celle des frondeurs, visent notamment à reprendre "la main politique dans la mondialisation" et à "répondre à l'angoisse sociale de nos concitoyens aujourd'hui".
• La motion "militante"
Une quatrième motion, présentée comme "l'œuvre collégiale de militants", est portée par Florence Augier (photo), secrétaire nationale du PS à la vie associative. Cette initiative prend la suite de l'ancienne équipe du résistant Stéphane Hessel, qui avait défendu une motion au dernier congrès, en 2012. Concrètement, ce texte réclame notamment "d'intensifier la politique des emplois aidés", la revalorisation des minima sociaux, ou encore des mesures de redistribution pour les classes moyennes.
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