L’heure est aux plaidoiries et aux réquisitions vendredi au procès en appel de Nicolas Bonnemaison. L'ancien urgentiste bayonnais, acquitté à Pau en 2014, comparaît devant la Cour d'appel d'Angers. Il doit répondre de sept cas "d'empoisonnement", sur des patients âgés et incurables, dont le traitement était arrêté et le pronostic vital engagé à court terme. Jeudi, l'expert psychiatre Roland Coutanceau a témoigné à la barre en faveur de l’accusé, ce qui pourrait bien faire basculer l'issue du procès.
Son témoignage pourrait peser lourd quand samedi les jurés vont se retirer pour délibérer. Au terme de deux semaines de débats intenses, ils auront entendu des dizaines de témoignages, certains à charge, d’autres, au contraire, très favorables à l’accusé.
"Je ne vois pas, ni d’intention d’homicide, ni de mobile". Le Dr Coutanceau, lui, était entendu comme expert, il n’est pas militant. Il a examiné Nicolas Bonnemaison. Pour lui, l’accusé n’avait aucun mobile pour tuer ses patients, il n’a agi que comme un médecin qui voulait abréger les souffrances.
Dès lors, une condamnation pénale semble hors de propos. "Il aurait dû partager ses préoccupations avec l’équipe. Mais je ne vois pas, ni d’intention d’homicide, ni de mobile. Que la société souhaite donner un signal, en disant : ‘attention, ne faites pas, vous médecins, comme Nicolas Bonnemaison’, je le comprends. Mais simplement, cette sanction symbolique, est-ce qu’elle doit être pénale, professionnelle, ou simplement sociale ?
Un travail d’équilibriste. C’est un vrai travail d’équilibriste qui attend les jurés. La frontière est infime. Il va leur falloir évaluer si le Dr Bonnemaison a tué pour soulager - ce qui entraînerait une condamnation, même symbolique - ou s’il a abrégé les souffrances, au risque d’abréger la vie. S’ils retiennent cette dernière hypothèse, ce serait l’acquittement, comme lors du premier procès à Pau en 2014.