Opération mains propres parmi les forces de l'ordre. Cinq policiers de la Brigade anticriminalité (BAC) de Stains ont été interpellés et placés en garde à vue lundi dans une présumée affaire de corruption, a-t-on appris de sources policières. Une information judiciaire avait en effet été ouverte par le parquet de Bobigny, en mai 2014, pour des faits de "corruption active" qui reposent "sur des indices graves et concordants" en l'état de l'enquête. L'enquête avait été ouverte à la suite de plusieurs signalements, notamment sur la plateforme Internet "anti-bavure", lancée par la "police des polices" en 2013.
Des faits qui avaient interpellé la hiérarchie. La "police des polices" enquêtait donc depuis plusieurs semaines sur les agissements des suspects et de toute la BAC de cette localité, qui comprend un peu plus d'une dizaine de fonctionnaires. Les cinq suspects, dont une femme major, ont été interpellés, certains sur leur lieu de travail, par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).
Vols en réunion et extorsion de fonds. La liste est longue : vols aggravés en perquisitions, extorsion de fonds dans le cadre d'affaires de stupéfiants notamment, violation de domicile, accès illégal à des fichiers de police, violation du secret professionnel, faux en écriture publique. En résumé, ils sont suspectés d'avoir mis à l'amende des voyous, de les avoir volés pendant des perquisitions et de leur avoir extorqué de petites quantités de drogue pour les revendre. Les policiers suspectés assurent, de leur côté, que cette drogue servait seulement à payer leurs indics.
Soupçonnés de menace anonyme contre une commissaire. Les policiers actuellement en garde à vue sont également soupçonnés d’être les auteurs des menaces anonymes envoyées à la commissaire de Stains, dont la voiture a été vandalisée, et qui a fini par quitter ses fonctions la semaine dernière. Aucune plainte n'avait été déposée par les délinquants ainsi lésés, mais plusieurs signalements sont tout de même remontés aux oreilles de la hiérarchie policière. A tel point, qu'aujourd'hui, de très lourds soupçons pèsent sur ces présumés ripoux.
Des précédents en Seine-Saint-Denis. En octobre 2014, deux policiers de la BAC départementale de Seine-Saint-Denis avaient été mis en examen et écroués pour leur participation supposée à un trafic de voitures volées. Les deux policiers, âgés de 36 et 40 ans, s'étaient vu reprocher des faux et usage de faux - infraction criminelle lorsqu'elle est commise par un dépositaire de l'autorité publique punie d'un maximum de 15 ans de prison - corruption passive, et association de malfaiteurs en bande organisée.
Cette nouvelle affaire n'a pas de rapport, en l'état des investigations, avec celle qui est imputée à la BAC de Stains. Mais, ont dit les sources, un "certain nombre d'abus graves ont été mis au jour" visant "quelques éléments" des BAC dans ce département sensible.
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