C’est "l’escroquerie du siècle" : la fraude à la taxe carbone. Un système complexe qui, dans les années 2000, a permis à des escrocs de détourner plus d’un milliard d’euros de TVA, au préjudice de l’Etat français. Selon les informations d'Europe 1, l'un des principaux protagoniste de l'affaire, un Français en fuite depuis deux ans à l'étranger, a passé le week-end en prison. D’après les informations recueillies par Europe 1, Grégory Zaoui a été arrêté par la police dès sa descente d’avion à l’aéroport de Roissy, vendredi matin. Étant sous le coup d’un mandat d’arrêt international, il a été emmené directement dans le bureau des juges financiers avant d'être placé en détention dans une prison francilienne.
Des bureaux fantômes. À 41 ans, Grégory Zaoui est décrit comme le pionnier français de l’escroquerie à la taxe carbone. À lui seul, il est soupçonné d’avoir détourné 156 millions d’euros de TVA, qui auraient dû rentrer dans les caisses de l’État. Un tour de passe-passe ultra juteux, grâce à des montages de sociétés causant un préjudice colossal pour la France. Baptisée Crépuscule, l'entreprise de Grégory Zaoui était un intermédiaire bien implanté sur le marché tout en se dissimulant dans des bureaux fantôme, expliquait en 2010 La Tribune.
Son nom est également cité dans un autre dossier judiciaire portant sur plus de 300 millions d’euros détournés. Dans cette autre affaire, instruite par une juge à Marseille, la compagne de Grégory Zaoui a été incarcérée il y a trois semaines, selon les informations recueillies par Europe 1.
Fuite à l'étranger. Grégory Zaoui était en cavale depuis bientôt deux ans, aux Etats-Unis, puis en Israël. En juillet 2014, alors qu’il répondait jusqu’à présent aux convocations judiciaires, il a soudainement quitté l’Hexagone. La justice venait de lui réclamer 6 millions d’euros de caution pour le laisser libre sous contrôle judiciaire. Or, selon son avocat Me Manuel Abitbol, ce montant était basé sur un prétendu patrimoine immobilier américain, qui n'appartient pas à son client.
Son retour sur le territoire français, vendredi, avait été annoncé aux juges d'instruction qui étaient favorables à son maintien en liberté et ont abaissé le montant de sa caution à 875.000 euros. Mais le parquet national financier a requis l'incarcération de Grégory Zaoui, estimant qu'il n'avait pas respecté son contrôle judiciaire et qu'il n'aurait pas dû prendre la fuite. Un point de vue partagé par le juge des libertés et de la détention qui l'a renvoyé derrière les barreaux.
Il demande à récuser l'un des juges du dossier. Déjà mis en examen dans le dossier Crépuscule ouvert à Paris en 2009, la première instruction menée sur ce type d’escroquerie, Grégory Zaoui avait précédemment effectué vingt mois de détention provisoire. Durant son exil en 2015, Grégory Zaoui avait par ailleurs vainement tenté de faire récuser l’un des juges parisiens qui le poursuit, selon l’Obs. Il aurait désormais l’intention de s’expliquer sur les accusations qui pèsent sur lui.