Le fondateur et émir du groupuscule islamiste Forsane Alizza, dissous en mars 2012 par le gouvernement, a été condamné vendredi à neuf ans de prison ferme avec une période de sûreté des deux tiers par le tribunal correctionnel de Paris. Cette peine, conforme aux réquisitions du parquet, est assortie d'une interdiction de droits civiques pendant cinq ans. Mohamed Achamlane, 37 ans, a été condamné pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et détention illégale d'armes.
Viser les "ennemis de l'islam". Au premier jour de son procès, le 8 juin dernier, il s'était revendiqué d'un islam "décomplexé" mais avait démenti toute intention violente, niant les "pseudo-projets" évoqués par les enquêteurs. Son groupe créé en 2010 pour, selon lui, enrayer l'islamophobie en répondant "coup pour coups à certains sites identitaires, avait au contraire pour objectif de "canaliser l'énergie" de jeunes musulmans pouvant être tentés par la violence, avait-il dit.
"Les cavaliers de la Fierté" en arabe - était soupçonné d'avoir cherché des cibles d'actions potentiellement violentes parmi des "ennemis de l'islam",
notamment des personnalités d'extrême droite. Une liste de commerces juifs à Paris et en proche banlieue, parmi lesquels plusieurs Hypercachers, avait également été découverte sur un fichier intitulé "cibles" appartenant à Mohamed Achamlane.
"Une volonté de commettre un acte terroriste". Mais pour le procureur, Forsane Alizza était un "groupuscule organisé pour la mise en place d'actions" qui "a choisi de cacher la vérité de ce qu'elle est réellement". Les éléments apparus à l'audience attestent de "la volonté de commettre un acte terroriste", a estimé vendredi le tribunal. Les éléments apparus à l'audience attestent de "la volonté (du groupe) de commettre un acte terroriste", a estimé vendredi le tribunal correctionnel.
Des propos dans lesquels il disait vouloir "balafrer la France" ont notamment été retenus contre Mohamed Achamlane, ainsi que ses recherches internet sur la fabrication d'explosifs et la détention d'armes, dont des kalachnikovs démilitarisées susceptibles d'être remises en état de marche.
"Une mise en perspective d'un passage à l'acte." "Le terrorisme ça ne commence pas au passage à l'acte", a estimé vendredi Me Antoine Casubolo Ferro, avocat de l'Association française des victimes du terrorisme, partie civile dans le dossier. "On ne peut pas prédire ou préjuger de ce que ces gens auraient fait, mais comme l'a dit le président et comme l'a montré l'audience, il y avait vraiment une mise en perspective d'un passage à l'acte."