Trois mois de prison avec sursis et 30.000 euros d'amende ont été requis mercredi par le tribunal correctionnel de Paris contre Dieudonné pour "provocation à la haine raciale" et "injure raciale" pour des passages de son avant-dernier spectacle La Bête immonde.
Dieudonné récidive. "Quand on en est à une énième poursuite devant le tribunal et que l'on continue à violer la loi de façon volontaire et systématique, la réponse doit être graduée", a déclaré la procureure. Le parquet de Paris avait cité Dieudonné à comparaître au terme d'une enquête préliminaire lancée après un signalement du préfet de police de Paris à l'été 2014. Un nouveau signalement avait été fait le 20 février 2015 suite à une autre représentation.
Ironie sur l'Holocauste. Dans ce spectacle, Dieudonné, fers aux pieds, déguisé en détenu de Guantanamo, discourait sur le rôle qu'il attribue aux juifs dans la traite des noirs et ironisait sur le génocide commis par les nazis. Cinq passages sont poursuivis, quatre au titre de la provocation à la haine raciale et un pour injure raciale. Parmi eux, figurent une réplique où il explique que "le commerce des esclaves" était "une spécialité juive au départ" et une autre où il ironise sur l'image "du juif, éternelle victime en pyjama à qui on a chouré un Picasso".
Un nouveau procès jeudi. Programmé dans un premier temps dans son théâtre de la Main d'Or à Paris, son one-man-show était ensuite parti en tournée. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) s'était alors dit "inquiet" et "choqué" qu'une vingtaine de salles, dont des Zénith, offrent une nouvelle "tribune de la honte" pour "déverser, sur un public instrumentalisé, sa haine des juifs et de ceux qui osent le critiquer". Dieudonné doit à nouveau comparaître jeudi pour des propos visant le journaliste de France Inter Patrick Cohen, propos pour lesquels il a été condamné au total à 22.500 euros d'amende, sous menace d'emprisonnement. Il déclarait notamment : "Quand je l'entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz... Dommage".