La filière irakienne du 19e, "des gamins perdus de la République"

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Chérif Kouachi, l'un des suspects de l'attentat terroriste mercredi contre Charlie Hebdo, est issu de ce que l'on appelait "la filière irakienne du 19e arrondissement" à Paris 

C’est l’un des suspects de l’attentat meurtrier de mercredi contre Charlie Hebdo. Chérif Kouachi, 32 ans et de nationalité française, était bien connu des services de police pour son implication dans “la filière irakienne du 19e arrondissement” de Paris, aussi appelé “filière islamiste des Buttes Chaumont”. 

Trois avocats de la défense de l’époque ont accepté de revenir pour Europe 1 sur cette affaire. 

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Une filière pour aller combattre en Irak... “C’est une filière qui s’est constituée en 2004 et dont les membres ont été arrêtés en 2005”, explique Maître Christophe Grignard, l'ancien avocat du “gourou” de la bande, Farid Benyettou. “Il s’agissait de jeunes d’un quartier du 19e tombés sous la coupe de ce gourou qui était lui-même en lien avec Zemmouri, un terroriste notoire algérien”, complète Maître Dominique Many, l’ex-avocat de l’un de ces jeunes, Thamer Bouchnak. Ces jeunes fréquentaient la mosquée Adda'wa, au 39 rue de Tanger, dans le quartier Stalingrad. Selon Dominique Many, la filière acheminait les jeunes en Irak via la Syrie pour aller combattre l’armée américaine : “ils y allaient se faire kamikazer”. 

...mais une filière très artisanale. Cependant, de l’avis des trois avocats, cette filière était très peu organisée. “Cela n’avait rien à voir avec les départs actuels en Syrie”, explique Maître Christophe Grignard. “C’était complètement artisanal !”, renchérit Maître Dominique Many. “Mon client et Chérif Kouachi, qui était son meilleur ami, s’étaient fait expliquer le maniement d’une kalachnikov à une bouche de métro sur une feuille de papier et leur entraînement physique consistait à faire du jogging aux Buttes Chaumont”. 

“Une dizaine de jeunes” et un gourou. Cette filière regroupait des jeunes de quartier, pour la plupart, perdus. Vincent Ollivier, l’avocat de Chérif Kouachi à l’époque, précise à l’antenne d’Europe 1 que les deux suspects de l’attentat contre Charlie “ont été abandonnés très jeunes”, et ont été baladés de foyer en foyer. “Les quelques fondamentalistes” que Chérif Kouachi a croisés en chemin lui ont donné le sentiment “d’intégrer une famille, d’avoir un but”, a-t-il poursuivi. 

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Celui qui chapeautait le groupe, Farid Benyettou, était surnommé le gourou car “il avait un savoir religieux, était plus croyant que les autres”, selon son ancien avocat. “Ce n’était pas un recruteur, il leur laissait le choix de partir”, ajoute-t-il. Il aurait même dissuadé Chérif Kouachi de commettre un attentat à Paris en lui disant : “ton combat est en Irak pas à Paris. Quand une terre t’accueille, tu ne dois pas commettre d’attentat”, rapporte Dominique Many. Selon ce dernier, Kouachi, chez qui “on sentait une violence latente”, voulait, en effet, s’en prendre à un magasin juif, mais “l’enquête avait révélé tout simplement que c’était parce qu’il voulait se venger du propriétaire car il l’avait licencié”. 

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Arrestations en 2005 et procès en 2008. Chérif Kouachi  n’a pas eu le temps de se rendre en Irak contrairement à trois de ses camarades, qui partis là-bas, y ont trouvés la mort au cours de l’été 2004. La filière a, en effet, été démantelée en 2005. En 2008, et pour la première fois en France, sept personnes de cette filière ont comparu pour “association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste”. 

Farid Benyettou, le prédicateur, a été condamné à une peine de six ans ferme. Chérif Kouachi a lui été condamné à trois ans d’emprisonnement dont 18 mois avec sursis. Il n’est d’ailleurs pas retourné en prison après sa condamnation car il avait déjà effectué la totalité de sa peine lors de sa détention provisoire. “A l’époque, on a souri devant ces gamins, des gamins perdus de la République qui voulaient leur dose adrénaline”, conclut Dominique Many. “Ils ont d’ailleurs comparu libres, c’est terrible, on est passé à côté d’eux”. 

>> Ecoutez Maître Ollivier au micro de Wendy Bouchard sur Europe 1 Midi : 

"Chérif Kouachi avait repris une voie loin du...par Europe1fr

>> Un numéro vert a été mis en place par la police judiciaire de Paris pour recueillir les témoignages des personnes susceptibles d'avoir croisé la route des suspects. Voici le numéro de l'appel à témoins : 08 05 02 17 17