C’était le troisième site français de téléchargement illégal. Mardi, les deux administrateurs du site OMG Torrent ont été interpellés et placés en garde à vue. Cette plateforme, hébergée à l'étranger, permettait de télécharger gratuitement – et illégalement - 5.270 séries et 690 albums de musique, des contenus protégés par des droits d’auteurs.
Un travail de longue haleine. Bien souvent, les pirates gèrent ce type de site depuis l’étranger. Mais les deux suspects, eux, ont été arrêtés respectivement à leur domicile, dans la Marne et dans l’Eure, à l’issue d’une enquête menée par les gendarmes de la section de recherches de Reims depuis quatre mois. Le premier, âgé de 27 ans, était l’administrateur du site, tandis que son comparse, âgé de 22 ans, était chargé de la gestion du forum.
Pour remonter jusqu'à ces pirates, il a fallu beaucoup de travail aux enquêteurs : "Vous comprenez bien que sur le site, ils ne mettent pas leur identité dans les mentions légales. D'autre part, il y a de nombreux pare-feux afin que les gendarmes ne puissent pas arriver directement sur le titulaire et les personnes qui gèrent ce site", explique au micro d'Europe 1, le major Didier Douilly de l'unité anti-contrefaçons de la gendarmerie.
De juteux bénéfices. Ces investigations ont abouti au démantèlement du site, qui accueillait plus de 3,5 millions de visiteurs par mois, depuis son ouverture en 2009 et proposant gratuitement plus de 10.000 films piratés. Point de philanthropie toutefois chez les deux responsables d'OMG Torrent. "Les gens qui sont derrière cette plateforme ne le font pas par pur plaisir, au travers de ces plateformes ils gagnent beaucoup d’argent. Même s'ils proposent des films sans demande de rémunération, ils gagnent de l'argent avec les différentes publicités qui peuvent apparaître dessus", souligne le major Douilly. Une véritable manne financière pour les deux gestionnaires qui récoltaient ainsi jusqu'à 10.000 euros par mois.
7 millions d’euros de préjudice. Lors de perquisitions à leurs domiciles, les enquêteurs ont mis la main sur plusieurs unités centrales d'ordinateur et du matériel informatique contenant près de 3,5 téraoctets de films récents contrefaits, en lien sur un serveur basé à l'étranger contenant plusieurs milliers d'œuvres. Au total, les gendarmes estiment à plus de 7 millions d'euros les préjudices causés sur cette plateforme aux producteurs et aux artistes.
Jusqu’à 375.000 euros d’amende. Placés en garde à vue durant 24 heures, les deux suspects comparaîtront pour "contrefaçons en bande organisée", le 18 novembre 2015, devant le tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne. Ils risquent jusqu'à 10 ans de prison et des peines d'amende de 375.000 euros, a indiqué Christian de Rocquigny, le procureur de Châlons-en-Champagne.
Par ailleurs, les quatre plus gros consommateurs du site identifiés par les enquêteurs devraient également comparaître à la même audience, poursuivis pour recel, a ajouté le procureur.