Un simple courrier. C’est par une lettre de la juge d’application des peines que cette mère de famille de 36 ans a appris la libération sous bracelet électronique de son violeur. "J’étais anéantie. Je n’ai pas compris cette décision de justice", témoigne-t-elle sur Europe 1. Deux semaines plus tard, son agresseur était effectivement de retour chez lui, à 150 mètres du domicile de sa victime. "Comment la justice peut-elle autoriser des choses comme cela ?", s’interroge Marilyne G. pour qui cette situation est "inadmissible".
Libéré après six mois de prison. Marilyne G. a été agressée chez elle en juillet 2010 par cet homme, un artisan ami de sa famille, venu faire des travaux à son domicile. Fin octobre 2014, la cour d’assises de Melun l’a condamné à cinq ans de prison dont deux ans ferme. Il a aussitôt été incarcéré à l’énoncé du verdict, n’ayant pas effectué de détention provisoire durant l’instruction.
Mais grâce au système des remises de peine, après six mois d’emprisonnement, il obtient un aménagement de peine et sort de prison le 27 avril 2015. Placé sous bracelet électronique, le violeur récidiviste avait toutefois l'interdiction d’entrer en contact avec la victime, de fréquenter les écoles des enfants de Marilyne G. ou encore de faire ses courses en bas de chez lui, sur la place commerçante de Croissy-Beaubourg, village de 2.000 habitants près de Marne-la-Vallée.
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Marilyne : "il faudrait obliger les coupables à...par Europe1fr
Réinstallé à 150 mètres de chez sa victime. Il n’empêche, depuis sa sortie de prison, le violeur a regagné son domicile, situé tout près de la maison de Marilyne G. : "Je passe devant chez lui tous les jours pour aller à l’école, aller à la boulangerie, au centre commercial… Le bus de mon fils le dépose devant chez lui", raconte-t-elle. "Je vis dans la crainte, dans la peur. C’est une double peine pour moi, je suis victime et c’est encore moi qui paie. Je pense même à déménager et je trouve inadmissible que ce soit la victime qui doive déménager et non le coupable", ajoute-t-elle.
Une proximité "tout à fait regrettable" pour la juge. Dans les motivations de sa décision qu’Europe 1 a pu consulter, la juge d’application des peines souligne qu’il "est tout à fait regrettable que son domicile soit situé sur la même commune que celle de la victime". Néanmoins, elle valide le retour du condamné chez lui sous bracelet électronique, notamment parce qu’il "a déjà résidé dans cette commune pendant les quatre années qui ont suivi la commission de l’infraction, sans qu’aucun incident n’ait conduit le juge d’instruction à le soumettre à une interdiction d’entrer en relation avec la victime".
Un violeur récidiviste. L’agresseur de Marilyne G. a déjà un lourd passé judiciaire. José P., un Portugais de 61 ans, est un violeur récidiviste. En 1983, il avait été condamné à 12 ans de réclusion par la cour d’assises de Paris pour avoir violé sous la menace d’une arme plusieurs élèves infirmières de l’hôpital Trousseau durant l’été 1981.
Un éloignement géographique systématique. "Pour moi il faut changer la loi", explique Marilyne G. à Europe 1. "Il faudrait obliger les coupables à déménager, qu’il y ait un éloignement géographique systématique et automatique", réclame-t-elle pour éviter que d’autres criminels condamnés ne reviennent s’installer près de leur victime. A l'heure actuelle, l'éloignement géographique existe, mais sous certaines conditions. Cette mesure vise par exemple les maris violents, que la justice peut interdire de retourner chez eux.