Meurtre d'Aurélie Châtelain : reconstitution à Villejuif en présence de Ghlam

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G.S. avec AFP , modifié à
Le suspect principal et la famille de la victime ont assisté à cette reconstitution, dimanche. 

Près d'un an après le meurtre d'Aurélie Châtelain, policiers et magistrat ont procédé dimanche à Villejuif à une reconstitution en présence du principal suspect, Sid Ahmed Ghlam, soupçonné d'avoir tué la jeune femme alors qu'il projetait un attentat dans une église. "On a appris beaucoup de choses qui confirment ce qu'on pense déjà quant à la responsabilité de ce monsieur", a affirmé l'avocat de la famille d'Aurélie Châtelain, Me Antoine Casubolo Ferro, à l'issue de cette reconstitution qui a duré six heures au lieu des 3 heures 30 prévues.

"Tout a été vérifié point par point". De son côté, l'avocat de Sid Ahmed Ghlam a décrit une reconstitution menée "de manière très précise, très minutieuse". "Tout a été vérifié point par point. Cela a permis de conforter ce qui a été indiqué par M. Ghlam depuis le départ de cette procédure, et notamment qu'il n'était pas responsable du décès de cette malheureuse personne", a ajouté Me Christian Benoît. Peu avant 8 heures, deux véhicules, dont celui de la victime, avaient été transportés sur les lieux. La rue, proche de l'institut de cancérologie Gustave-Roussy à Villejuif, dans le Val-de-Marne, où la jeune femme avait été retrouvée, avait été bouclée. Des membres de la famille d'Aurélie Châtelain étaient présents, selon leur avocat, pour "comprendre pourquoi on l'a tuée et comment". La reconstitution a renforcé "une certitude, si elle avait besoin d'être renforcée. C'est tellement incohérent ses déclarations (de Ghlam)", a affirmé l'avocat à la presse. 

>> France 2 y a consacré un reportage : 


Sid Ahmed Ghlam : reconstitution du meurtre d'Aurélie Châtelain

De nombreux indices confondent Ghlam. Le 19 avril au matin, Aurélie Châtelain, 32 ans, professeur de fitness dans le nord de la France, était retrouvée morte, tuée par balle, sur le siège passager de son véhicule. Peu après, un étudiant franco-algérien connu des services de renseignements comme islamiste radical, Sid Ahmed Ghlam, 24 ans, était arrêté à Paris après avoir lui-même appelé les secours : il venait de se blesser avec une arme à feu. La police allait retrouver un véritable arsenal dans son véhicule et sa chambre d'étudiant, notamment quatre kalachnikovs, deux pistolets, des munitions et des gilets pare-balles. De nombreux indices le confondent dans ce meurtre et dans le projet d'attentat avorté : son arsenal, son ADN retrouvé dans le véhicule de la jeune femme, du matériel informatique et téléphonique laissant supposer une attaque imminente, notamment un message lui disant de trouver "une église avec du monde".

" La thèse d'un second tueur paraît 'inenvisageable' "

Une thèse rocambolesque défendue en garde à vue. De l'ADN d'Aurélie Châtelain avait été également mis en évidence sur la parka que portait Ghlam et les expertises balistiques ont montré que la balle avait été très probablement tirée depuis son pistolet Sphinx. Cette reconstitution était importante, d'autant que Sid Ahmed Ghlam a varié dans ses déclarations depuis son arrestation. En garde à vue, il avait livré aux enquêteurs une thèse rocambolesque : il aurait trouvé les armes par hasard et voulu s'en débarrasser dans la Seine, avant de se blesser accidentellement.

Deux mois plus tard, il se présente comme un jeune naïf embrigadé par le groupe État islamique et missionné pour commettre un attentat depuis la Turquie, où il s'était rendu à deux reprises, en 2014 et début 2015. Il accuse un complice, Abou Hamza, jamais retrouvé depuis, d'avoir volé la voiture d'Aurélie Châtelain et de l'avoir tuée alors qu'ils devaient se rendre dans l'église de Villejuif, mais seulement pour faire peur aux fidèles. Récemment, il a affirmé que ce complice était l'un des kamikazes du Bataclan, Samy Amimour, qu'il aurait reconnu à la télévision après les attentats parisiens du 13 novembre.

Quatre autres personnes mises en examen. La thèse d'un second tueur paraît "inenvisageable", selon une source proche de l'enquête. Des témoins ont évoqué la présence de deux véhicules au moment des faits, mais leurs témoignages ne concordent pas et ne sont pas corroborés. Dans l'enquête sur le soutien logistique dont a pu bénéficier Sid Ahmed Ghlam, quatre personnes ont par ailleurs été mises en examen. Aurélie Châtelain a été décorée le 18 mars, à titre posthume, de la Légion d'honneur, tout comme Hervé Cornara, le chef d'entreprise décapité en juin à Saint-Quentin-Fallavier par un employé radicalisé, Yassin Salhi.