Un gérant de bar peut-il être condamné pour avoir servi trop de shooters à son client ? C’est la question à laquelle doit répondre, à partir de lundi après-midi, le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand. Gilles, le patron d’un bar est poursuivi pour homicide involontaire après la mort d’un de ses clients qui avait voulu battre le record du nombre de shooters ingurgités en une soirée. En continuant à servir une personne ivre, le gérant du bar aurait en effet violé une obligation de prudence et de sécurité. Ses avocats, eux, plaident la relaxe, estimant que Gilles n’a violé aucune loi ou règlement, rapporte Le Parisien. Le commerçant risque jusqu’à cinq ans de prison.
Le père de famille déterminé à battre le record. Le 24 octobre 2014, un groupe peu habituel pénètre dans son établissement, le Starter, spécialisé dans la réalisation de shooters. Gilles, qui a l’habitude d’accueillir des groupes d’étudiants, voit en effet arriver Renaud, un père de famille, accompagné de sa fille, Julie, et de trois amis. Rapidement, la fille de Renaud indique au gérant du bar que son père à l’intention de battre de record du nombre de shooters ingurgités en une soirée. La barre est à 56. Renaud, qui s’enorgueilli de boire huit ou douze litres de vodka, en commande d’emblée trente. Et les a ingurgité les uns après les autres.
Son record inscrit sur l’ardoise. "Je lui ai dit qu’on était pas là pour battre des records", relate Gilles, qui a même assuré aux enquêteurs avoir refusé de servir davantage son client. Des propos confirmés par son barman et d’autres clients. Renaud avalera pourtant bien d’autres shooters. Selon Julie, le personnel avait d’ailleurs incité son père à boire en déclarant :"il en reste douze pour battre le record", rapporte Le Parisien. La jeune femme assure également que le prénom de son père avait été inscrit sur l’ardoise des détenteurs du record, avec 56 shooters au compteur.
En fin de soirée, Gilles a été ramené chez lui par des amis, alors qu’il se trouvait dans un état d’alcoolémie très avancé. Pris en charge par le Samu, il est décédé le lendemain à l'hôpital. L’autopsie conclura à une mort par coma éthylique, mettant également en lumière une fausse route alimentaire.