Mort de Rémi Fraisse : des rassemblements dégénèrent

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et AFP , modifié à
Plus d'une dizaine de manifestations ont eu lieu lundi dans toute la France pour dénoncer les "violences policières". Bernard Cazeneuve a condamné les violences.

L'info. Plus d'une dizaine de manifestations ont eu lieu lundi dans toute la France pour dénoncer les "violences policières". Ces rassemblements surviennent après la mort, dans la nuit de samedi à dimanche, de Rémi Fraisse, un manifestant de 21 ans, sur le site du barrage contesté de Sivens, dans le Tarn, lors d'affrontements avec les forces de l'ordre. Lundi soir, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a condamné les violences et "débordements qui sont intervenus ce soir, à Nantes notamment."

Des manifestations sous tension. A Nantes, où les opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes se sont plusieurs fois violemment opposés aux forces de l'ordre, plus de 600 personnes se sont rassemblées en fin de journée près de la préfecture pour "exprimer leur colère face à la violence d'État". Ils ont allumé des bougies et déployé des banderoles, proclamant : "Vos armes non létales tuent. On n'oubliera pas. Résistance", "Nantes-Toulouse-Montreuil. Solidarité contre les violences policières", ou encore "assassins".

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Débordements à Nantes. Des manifestants ont ensuite défilé dans les rues derrière une banderole : "Barrage Testet. Mort de Rémi. Ni oubli ni pardon ACAB" (All cops are bastards, Tous les flics sont des bâtards ndlr), un message faisant référence à l'ultra-gauche anglo-saxonne. Au petit matin, lundi, plusieurs "A", symbole des anarchistes, avaient été tagué un peu partout dans la ville.

Cagoulés et équipés de barres de fer, les casseurs ont sévi dans la rue la plus chic de la ville, où plusieurs vitrines de banque et de magasins de luxes ont été abîmées ou brisées. Pour Alexandre, concierge d'un hôtel situé sur le passage des casseurs, les faits étaient prémédités. "Quand on voit les vitrines qui ont été cassées, ça se voit qu'il y avait de l'organisation, que le but était de casser le maximum de vitrines. Il y en a pas une ou deux qui ont été brisées, toute la rue a été touchée", commente-t-il au micro d'Europe 1. Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes. Pas de quoi calmer les manifestants qui appellent à une nouvelle mobilisation, mardi, à 18 heures.

Heurts à Albi. A Albi, les manifestations ont également été émaillées de violences. Environ un millier d'opposants se sont rassemblés lundi dans le centre d'Albi, où ils ont d'abord scandé dans le calme : "Rémi, Rémi, on ne t'oublie pas". Puis des heurts ont éclaté entre les CRS et plusieurs dizaines de manifestants, pour certains cagoulés et jetant des pavés. Le calme était revenu vers 19h, après plus de deux heures d'un face à face tendu, ponctué de salves de gaz lacrymogènes.

A Rennes ils étaient 300 autour d'une banderole sur laquelle était écrit: "La police tue, appel à la révolte", puis ils sont partis manifester dans les rues, jetant des pétards et scandant: "Flics, porcs, assassins !". Vers 20 heures, ils ont rassemblé des poubelles qu'ils ont incendiées à un carrefour du centre-ville.

D'autres manifestations sans heurts. Place de l'Hôtel de Ville à Paris, une centaine de personnes se sont réunies et ont allumé des bougies. Un pancarte proclamait : "Pour Rémi, ni oubli ni pardon"." A Brest une centaine de manifestants se sont rassemblés place de la Liberté et ils étaient une centaine également en fin d'après-midi sur le Vieux Port à Marseille à l'appel notamment d'Europe Écologie Les Verts. Parmi les banderoles, ces slogans : "Oseront-ils construire un barrage sur un cadavre ?" ou encore "Aucun barrage ne vaut la mort d'un homme  - Hommage à Rémi".

"One mort time !" A Chambéry ils étaient une cinquantaine - parmi lesquels des opposants au projet de ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin - devant la préfecture de Savoie pour "protester contre les mesures répressives disproportionnées à l'encontre des citoyens qui dénoncent des projets inutiles, des conflits d'intérêt et des collusions". A Bordeaux , une centaine de personnes massées devant l'Hôtel de ville ont dénoncé "les violences policières" avec une banderole : "one mort time !"

Des slogans hostiles à la police. A Lyon, environ 130 personnes se sont rassemblées dans le calme et en silence, lundi soir, devant la préfecture du Rhône. A Strasbourg une trentaine de militants écologistes sont restés en silence devant la préfecture du Bas-Rhin, brandissant une pancarte : "Hommage à Rémi Fraisse". A Rouen, une petite centaine de personnes ont accroché aux grilles de la préfecture une banderole proclamant : "L'État tue, Rémi mort pour ses convictions. Ni oubli, ni pardon", tandis qu'à Caen, 80 personnes ont rejoint la préfecture avant de partir en cortège derrière une banderole affirmant "la police tue, halte à la répression". Ils étaient une centaine à Angers.

A Lille, une centaine de manifestants réunis sur la Grand Place ont accroché à la façade d'un des bâtiments une grande banderole au nom de "Rémi" et la date de son décès. Les manifestants ont ensuite traversé le centre-ville en criant des slogans très hostiles à la police. 

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Mise à jour mardi 28 octobre : Mardi, la colère après la mort de Rémi Fraisse a pris un tour politique, quand l'ancienne ministre EELV Cécile Duflot a dénoncé une "bavure" et appelé François Hollande pour lui affirmer que "la situation sur place [au barrage de Sivens] était gérée n'importe comment". Les propos de Cécile Duflot ont été jugés "excessifs" par le Premier ministre Manuel Valls. Le chef de l'Etat, lui, a déclaré qu'il "n'accept[ait] pas qu'en France, on se déchire sur un drame humain". Quant à l'enquête, elle se poursuit pour déterminer les causes de la mort du jeune homme, touché dans le haut du dos par un objet qui a explosé. Ses parents entendent déposer plainte mardi à Albi.

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