Un Éthiopien, dénoncé pour s'être fait payer par des compatriotes pour les conduire depuis l'Italie auprès de l'association de défense des migrants Roya Citoyenne à Breil-sur-Roya, dans les Alpes-Maritimes, devait être jugé en comparution immédiate lundi, a appris l'AFP auprès du parquet.
"Des réseaux structurés". C'est la première fois qu'un passeur est identifié dans les rangs des migrants aidés par l'association. "Cela fait suite à la présentation par Cédric Herrou à la gendarmerie de Breil de quatre migrants qu'il accueillait et dont l'un avait demandé de l'argent aux trois autres pour les amener chez lui", a précisé la gendarmerie départementale. "C'est l'arbre qui cache la forêt, l'action de Cédric Herrou alimente ce genre de comportements. Les gens ne viennent pas par hasard, nous avons face à nous des réseaux structurés. Le dispositif de Roya Citoyenne permet à des gens aux intentions douteuses d'en bénéficier", ajoute-t-on de même source.
"Pas de mise en danger d'autrui". Roya Citoyenne a, de son côté, dénoncé la reconduite à la frontière en cours des migrants qui avaient témoigné sur ce réseau de passeurs à Vintimille, en Italie. "S'ils sont reconduits en Italie, leur vie est en danger. En leur qualité de témoin, l'État français leur doit protection", a estimé l'association, ce que la gendarmerie a contesté : "Il n'y a pas de mise en danger d'autrui." Roya Citoyenne a appelé à un rassemblement devant les locaux de la police aux frontières à Menton, en affirmant qu'onze personnes au total, ayant mandaté un avocat pour la demande d'asile, étaient en passe d'être remis aux autorités italiennes, dont un Tchadien qui avait rendez-vous mardi à la préfecture.
Bloqué depuis 2015, le contrôle à la frontière franco-italienne a été rétabli pour protéger la France du terrorisme. Dans la pratique, ces contrôles conduisent à renvoyer en Italie les migrants qui passent ou tentent de passer malgré les dangers. Gendarmes et militaires sillonnent les routes. Barrages filtrants, contrôle des trains : il y a en moyenne plus d'une centaine d'interpellations par jour depuis le début de l'année.