Accident de Brétigny : un nouveau rapport accablant

En juillet 2013, le déraillement de ce train Paris-Limoges avait fait sept morts et des centaines de blessés.
En juillet 2013, le déraillement de ce train Paris-Limoges avait fait sept morts et des centaines de blessés. © KENZO TRIBOUILLARD / AFP
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Pierre de Cossette et T.M. , modifié à
Les deux experts confirment notamment les failles dans l'entretien des voies et pointent des fautes individuelles.
INFO EUROPE 1

Les experts enfoncent le clou. En juillet 2013, le déraillement d'un train Intercités Paris-Limoges en gare de Brétigny-sur-Orge, dans l'Essonne, avait fait sept morts et des centaines de blessés. Deux ans et demi après, un nouveau rapport d'expertise, signé par deux ingénieurs, vient d'être envoyé aux juges en charge de l'enquête. Pour la première fois, le document pointe des fautes individuelles, selon les informations d'Europe 1.

"Un délabrement complet" des voies. La conclusion de cette centaine de pages résume à elle seule les défaillances dans la maintenance des voies. Le rapport fait état d'"un délabrement complet", le tout sur un tronçon ferroviaire extrêmement fréquenté et soumis aux poids de trains roulant jusqu'à 150 km/h. Sur cette portion de voie, l'un des boulons manquait depuis des mois et une pièce était fissurée depuis cinq ans. Selon les experts, l'assemblage en question n'a donc pas "fait l'objet d'un suivi adéquat".

Un problème de surveillance. Le jour du drame, une éclisse présente sur les aiguillages a basculé au passage du train, provoquant son déraillement. Les experts l'écrivent noir sur blanc : "une surveillance efficace aurait sans aucun doute permis de détecter la non-conformité de cet assemblage crucial pour la sécurité des circulations", peut-on lire dans le résumé conclusif du rapport. 

Un bilan technique alarmant rendu la veille du drame. La nouveauté de ce rapport c'est qu'elle souligne également que ces défaillances avaient été pointées du doigt la veille de l'accident. Le 11 juillet 2013, un bilan technique de la SNCF concernant la portion de voie où s'est déroulé l'accident souligne que les voyants sont au rouge. Ce bilan technique désormais entre les mains des enquêteurs de la police judiciaire et cité par les experts, évoque "de gros soucis à Brétigny", nécessitant "que le DU (directeur d'unité, un responsable sécurité, ndlr) intervienne afin de redresser la barre".

Des fautes collectives mais aussi individuelles. Alors qu'aujourd'hui, seule la SNCF comme entreprise est mise en examen, la responsabilité des employés pourrait être, à terme, engagée. "On voit que les êtres humains, les salariés qui étaient au contrôle semblent avoir été dramatiquement défaillants", constate Gérard Chemla, avocat de l'association Entraide et défense des victimes de l'accident de Brétigny. "Un accident, ça n'arrive jamais par hasard. C'est toujours la somme de fautes individuelles et de fautes collectives. Pour l'instant, le focus avait été porté sur les fautes collectives. Il n'est pas possible de s'en tenir à la faute collective et d'oublier la faute individuelle", estime-t-il au micro d'Europe 1.

Des scellés remis en cause. Les experts soulignent également que la SNCF est soupçonnée d'avoir dissimulé certains cahiers de maintenance, qui n'ont jamais pu être fournis aux enquêteurs. De leur côté, les enquêteurs se voient reprocher des erreurs dans la confection et le rapprochement de scellés. Les boulons et les vis endommagés recueillis sur les lieux de l'accident sont suspectés de ne pas être ceux en cause dans l'accident.