Combien d'enseignants condamnés pour des faits de pédophilie l'Education nationale compte-t-elle dans ses rangs ? C'est la terrible question qui était sur toutes les lèvres mardi soir, après l'annonce d'un second dysfonctionnement dans les communications la justice et l'administration. Le Rectorat de Rennes a en effet annoncé mardi la suspension immédiate d'un professeur d'éducation physique et sportive (EPS) d'un collège de l'académie. L'homme avait été condamné en 2006 pour détention d'image pédopornographique. Un fait qui survient le jour même de l'annonce par la ministre de l'Éducation, Najat Vallaud-Belkacem du lancement d'une procédure de révocation d'un directeur d'une école primaire de Villefontaine, dans l'Isère. Cet enseignant a été mis en examen et écroué mercredi dernier pour viols et agressions sexuelles sur plusieurs de ses élèves.
Une nouvelle mise en examen dans un contexte familial. A Rennes, outre sa condamnation passée, le professeur d'EPS concerné fait également "l'objet d'une mise en examen, actuellement en cours, pour agression sexuelle sur mineur de 15 ans, dans un contexte familial". Le rectorat, qui ne précise pas la localité où enseignait le fonctionnaire, indique avoir dépêché dans son établissement un inspecteur d'académie "pour accompagner la communauté éducative".
Comment le passé judiciaire de l'enseignant est-il remonté ? Tout a débuté par une dénonciation anonyme. Un inconnu a fait parvenir tout le dossier judiciaire de ce professeur d'EPS, contenu dans une grosse enveloppe, à une fédération de parents d'élèves à Paris, selon les informations d'Europe 1. Les dirigeants de cette fédération ont tout de suite compris la gravité des éléments portés à leur connaissance et ont ainsi directement alerté le cabinet de la ministre de l’Éducation nationale. C'est ensuite Najat Vallaud-Belkacem qui a elle-même demandé une vérification aux services du ministère de la Justice.
Le résultat, communiqué par le parquet, est tombé comme un couperet : l’enseignant, qui se trouvait encore officiellement en poste mardi matin, a été immédiatement suspendu avant une probable révocation. Le rectorat de Rennes ne savait absolument rien de cette condamnation, selon l'inspecteur d'académie de Rennes. La justice n'avait pas averti les services de l’Éducation nationale, comme dans le cas de Ville-fontaine, dans l'Isère.
Une circulaire ministérielle oubliée ? Pourtant, il existe une directive émanant directement du cabinet du ministre de la Justice. Il s'agit d'une circulaire de 1957, qui a été renouvelée à cinq reprises, dont la dernière fois le 11 mars dernier. Ce texte rappelle aux procureurs qu'ils ont l'obligation de signaler à l'administration toute condamnation d'un agent public. Mais les parquets croulent sous les dossiers et cette circulaire est parfois "perdue de vue".
LIRE AUSSI - Viols en Isère : le gouvernement admet "un dysfonctionnement"
LIRE AUSSI - Isère : le directeur d'école a avoué des viols