C'est un document de 13 pages qui dresse un inquiétant constat. Une note confidentielle du service central du renseignement territorial (SRCT), l'équivalent actuel des ex-RG, intitulée "Le sport amateur vecteur de communautarisme et de radicalité", s'alarme des dérives observées dans différents clubs aux quatre coins de la France. On y apprend notamment que des musulmans proches de la mouvance salafiste pratiquent leur religion de plus en plus ostensiblement et tentent d'imposer leurs pratiques.
A la mi-temps, l'heure de la prière sur le terrain. Ce rapport évoque notamment une scène lunaire survenue sur un terrain de foot au mois de mai. A la mi-temps d'un match, les joueurs d'une équipe de foot de Perpignan sortent des tapis pour prier, sur le pré, sous les regards stupéfaits d'un arbitre et des quelques spectateurs. Ailleurs, à Lourdes, on relate des prières dans les vestiaires d'un club.
Au total, une vingtaine de cas ont été recensés depuis deux ans. Des faits qui témoignent surtout d'un certain communautarisme religieux et d'un repli sur soi, comme dans ce club franco-algérien de Clermont-Ferrand où l'on ne parle qu'arabe et où les arbitres sont volontiers taxés de racisme.
Corans, tapis de prière et cours d'arabe. Les clubs de foot et les salles de combat sont les premiers concernés. Ici, le principe de mixité est remis en cause, là on met à disposition corans, tapis de prière et cours de langue arabe. Et un certain prosélytisme quant on fait passer aux jeunes l'idée que l'on sera meilleur sportif si l'on est un bon musulman. Dans certains clubs, l'aspect vestimentaire est très contrôlé comme dans une salle de la région lilloise où des femmes sont voilées lorsqu'elles pratiquent le taekwondo.
Les analystes du SRCT à l'origine de ce rapport voient dans ce phénomène une traduction tristement logique du repli communautaire qui s'opère dans certains quartiers français. Dans le jargon des services de renseignement, tous ces cas font parti de ce que l'on appelle les "signaux faibles". Cette note découle directement du travail de terrain, du recueil des informations par les policiers et les gendarmes. Elle a été transmise à l'Elysée, à Matignon ainsi qu'au ministère de l'Intérieur.
Il ne s'agit pas ici de fiches de la DGSI, même si certaines pratiques peuvent trouver un écho dans des dossiers de terrorisme. Un club de boxe de Mantes-la-Jolie, cité dans le rapport, a vu passer dans ses rangs un certain Moussa Coulibaly, l'auteur de l'agression au couteau de trois militaires, dans le centre ville de Nice, en février dernier.