Une "peine de principe" d'un an de prison avec sursis, comme en première instance, a été requise jeudi en appel à Lyon, à l'encontre de Jean Mercier, 88 ans, pour avoir aidé sa femme dépressive à mourir en 2011.
Sa femme n'était en fin de vie. Josianne Mercier "n'était pas en fin de vie, elle n'était pas atteinte d'un mal incurable. Elle souffrait d'arthrose, d'anxiété", a déclaré l'avocate générale, Fabienne Goget, pour qui "la mort n'était pas la seule issue" pour cette femme de 83 ans. Mais Jean Mercier "a agi au nom de convictions philosophiques et il revendique son geste", a souligné la magistrate, évoquant l'adhésion du couple à l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), omniprésente dans ce dossier.
Une condamnation symbolique. Plus de 200 militants de l'ADMD, dont son président Jean-Luc Romero, étaient d'ailleurs venus apporter leur soutien au prévenu, et réclamer une "vraie loi pour la fin de vie". Pour la magistrate cependant, "ce dossier ne doit pas être utilisé pour faire avancer une cause et masquer la réalité des faits". "Ce qui compte, c'est une peine de principe et il ne faut pas descendre en-deçà d'un seuil symbolique", a poursuivi Fabienne Goget en demandant à la cour de "confirmer le jugement" du tribunal correctionnel de Saint-Étienne pour "montrer l'attachement qu'elle porte à la vie humaine".
Le 27 octobre 2015, l'octogénaire qui souffre d'un cancer de la prostate et de la maladie de Parkinson, avait été condamné pour non assistance à personne en danger à un an de prison avec sursis. Bien en-deçà des trois ans avec sursis requis. Mais il avait fait appel de sa condamnation, ainsi que le parquet.
Il a respecté sa promesse. Assis à la barre, Jean Mercier a raconté comment, le matin du 10 novembre 2011, sa femme qui souffrait d'arthrose lombaire et venait de se casser le poignet, s'était réveillée en se plaignant. Elle lui avait demandé "d'apporter des médicaments" et de la morphine, et de l'aider à les décapsuler. "C'était la première fois qu'elle m'implorait, on s'était promis (de s'aider à en finir, ndlr) et je ne pouvais pas faire autrement", a poursuivi l'octogénaire. Il attend alors son dernier souffle et appelle un médecin auquel il explique son geste car il n'est pas un "lâche".
Évoquant la relation "dominant-dominé" dans ce couple marié depuis 55 ans, son avocat Me Mickaël Boulay a fait valoir qu'il avait "tenu sa promesse à son épouse" et plaidé la relaxe. "La peine infligée je m'en moque, je préférerais l'acquittement mais ce qui compte, c'est le combat que je mène pour faire avancer les choses", a déclaré Jean Mercier en marge de l'audience. La cour rendra son arrêt le 10 novembre.