Un ancien employé de la Bibliothèque nationale de France a été condamné jeudi à Paris à 18 mois de prison ferme pour avoir dérobé dans les réserves de l'institution plus de 200 gravures anciennes, qu'il avait pour beaucoup abîmées et revendues sur internet.
Cet homme de 43 ans, qui était magasinier dans les locaux historiques de la BNF dans le centre de Paris, a dit ses "remords" et sa "honte" devant le tribunal correctionnel qui le jugeait pour vol de biens culturels et dégradations. Condamné à quatre ans d'emprisonnement, dont 30 mois de sursis assortis d'une obligation de travailler et d'indemniser les victimes, une peine aménageable, il devra également payer 10.000 euros d'amende et verser plus de 90.000 euros à la BNF en réparation de son préjudice matériel.
Un employé irréprochable mais surendetté à l'époque des faits. Cet homme "a porté atteinte au rayonnement du patrimoine culturel de la France", avait lancé la procureure, en demandant quatre ans d'emprisonnement dont deux avec sursis. Cet employé décrit comme irréprochable était à l'époque surendetté. Il a reconnu avoir volé au compte-gouttes, en 2014 et jusqu'à début 2015, plus de 200 gravures anciennes stockées dans les réserves de l'institution. "Au troisième étage des réserves se trouvaient peut-être cinq boîtes pas rangées", a-t-il raconté, visiblement angoissé. "C'est comme ça que ça a commencé".
"J'ai regardé à l'intérieur, j'ai trouvé des gravures de Brueghel. Une n'était pas estampillée. Je l'ai prise, je l'ai vendue sur eBay. Malheureusement, ça a continué". "Il grattait parfois l'estampille indiquant la provenance des gravures et en a également découpé certaines pour les extraire de leur contour.
Des reventes sur eBay qui lui ont rapporté 45.000 euros. En février 2015, la bibliothèque avait constaté le vol de plusieurs dizaines de gravures des XVIème et XVIIème siècles reproduisant des dessins du peintre flamand Brueghel l'Ancien. Les enquêteurs avaient repéré le magasinier grâce à son adresse mail sur eBay, à la suite du signalement d'un vendeur néerlandais qui lui avait acheté des gravures. Au total, la BNF a recensé 226 œuvres volées. Elle en a retrouvé 178, dont "132 sont gravement mutilées puisque la légende a été coupée", a souligné Me Alexandre de Konn, avocat de la bibliothèque. L'ex-employé a empoché quelque 45.000 euros en revendant son larcin sur internet. Avec cet argent, "j'ai fait des voyages, je me suis payé des vêtements ou des meubles", "une pendule", a-t-il expliqué.