Il craignait qu’une vidéo le montrant dans une posture intime soit diffusée sur les réseaux sociaux. Jeudi soir, un adolescent de 18 ans s’est suicidé à Castelsarrasin, dans le Tarn-et-Garonne, vraisemblablement piégé par ce que l’on appelle le "chantage à la webcam".
Jeu de dupes. Le scénario de l’escroquerie est presque toujours le même : grâce à un site de rencontres spécialisées ou via des plateformes d’échange ou un blog, la future victime rencontre quelqu’un avec qui elle sympathise. Entre celle-ci et le cyber-escroc, dissimulé sous un faux profil, le courant passe bien, la confiance s’établit. Les conversations se font alors de plus en plus intimes lors d’échanges filmés par webcams interposées.
Or, sans le savoir, ces vidéos peuvent être enregistrées à votre insu, en plein jeu sexuel. C’est là que tout peut basculer. L’escroc menace alors de diffuser les images intimes si vous ne versez pas plusieurs milliers d’euros, la plupart en mandat cash. Un chantage dont aurait été victime le jeune homme.
Un couteau en plein cœur. C’était l’heure de passer à table, lorsque les parents de cet adolescent ont découvert leur fils, dans sa chambre, un couteau planté en plein cœur. Inanimé, le jeune homme est décédé quelques minutes après l’arrivée des secours. "C'est un drame pour la commune. C'est son père qui l'a découvert dans cet état. Les secours n'ont rien pu faire pour le ramener à la vie", a raconté le maire de Castelsarrasin, Jean-Philippe Besiers, qui s'était rendu sur les lieux jeudi soir. C'était un jeune homme de 18 ans "sans histoire", a ajouté l'édile.
Avec qui dialoguait le jeune homme ? Sur l'ordinateur du lycéen, les enquêteurs ont trouvé la page d’une conversation Skype encore ouverte et sur laquelle il était en train de dialoguer avec une femme. D’après RTL, cette dernière venait de menacer le jeune homme de rendre publique sur les réseaux sociaux une vidéo intime enregistrée quelques minutes plus tôt. Pris de panique, cet élève de terminale serait alors passé à l’acte. "Le jeune garçon était sur la toile, c'est la raison pour laquelle nous avons saisi le matériel informatique pour analyse", a indiqué samedi la vice-procureure de la République de Montauban, Véronique Benlafquif. "Nous travaillons sur le fait de savoir avec qui il était en ligne au moment des faits tragiques", a-t-elle précisé.
Toutefois, la magistrate du parquet s'est montrée prudente : "A l'heure qu'il est, je ne peux dire qu'il y a eu échange de film ou de photos, ce que j'entends beaucoup", a-t-elle dit. "Tout est possible. C'est bien la raison pour laquelle nous avons ouvert une enquête préliminaire [...] On va étudier toutes les pistes. L'enquête sera nécessairement longue", a-t-elle ajouté.
Une escroquerie répandue. Pour Véronique Benlafquif, ce drame est cependant "l'occasion de rappeler que les gens sont beaucoup trop naïfs sur le Net". "Il y a beaucoup d'arnaques que cela soit sexuel ou autre, comme dans le domaine du travail". Et l'arnaque à la webcam est malheureusement en plein essor, à tel point qu’une page sur le site de la Police Nationale conseille les victimes potentielles sur la marche à suivre.