Les montres connectées font leur show depuis lundi, à Barcelone à l'occasion du salon Mobile World Congress. Si ce marché n'en est encore qu'à ses débuts, en 2015 les ventes devraient exploser : GfK avance le chiffre de 26 millions de "smartwatches" écoulées sur l'année en cours. Et la question de la concurrence avec les montres "classiques" commence à se poser. D'autant qu'Apple s'apprête à dévoiler en détail sa "Watch" le 9 mars, au positionnement haut de gamme assumé. Alors les bijoux connectés vont-ils bientôt remplacer nos bonnes vieilles tocantes ? Éléments de réponse.
Un marché en pleine explosion. Les chiffres sont impressionnants : en 2014, le cabinet GfK affirme qu'il s'est vendu 4 millions de montres dites connectées, parfois appelées "smartwatches". En 2015, ce chiffre devait s'élever à 26,1 millions, soit une augmentation de...552,5%, pour peu que les ventes se vérifient d'ici la fin de l'année. Difficile de parler, à ce niveau-là, de marché de niche. Sony, Samsung, LG, Motorola, Huawei, Alcatel, Withings, Wiko et bientôt Apple figurent parmi les marques déjà présentes sur le marché.
>> Au fait, ça sert à quoi ? Ces bracelets intelligents permettent pêle-mêle de suivre son activité physique, mesurer les battements de son coeur, recevoir des notifications venues de son smartphone ou même lancer une recherche en ligne par reconnaissance vocale. Certains sont étanches, d'autres résistants aux chocs et il en existe même qui affichent de véritables aiguilles, les capteurs intelligents étant cachés sous le cadran. Et désormais, même les fabricants traditionnels de montres s'y mettent : Swatch et Guess viennent d'annoncer leurs propres modèles tandis que ceux de Tissot, Fossil et Rolex sont dans les cartons.
Pourquoi ça va se démocratiser. Les prévisions de GfK pourraient être taxées d'optimistes mais les indicateurs ne trompent pas. Outre le nombre de modèles présentés ces derniers mois, l'arrivée prochaine sur le marché inquiète la concurrence. La firme californienne saura vraisemblablement s'adresser à une public plus large, alors que d'aucuns voyaient encore les montres connectées comme des accessoires destinés aux geeks. Même si son premier modèle sera commercialisé à partir de 349 dollars (environ 313 euros), les prix de ventes des smartwatches débutent à 100 euros et peuvent monter à plusieurs milliers d'euros. L'Apple Watch édition luxe pourrait même s'afficher à plus de 4.000 euros à son lancement.
Pas d'inquiétude des professionnels... De quoi inquiéter les horlogers ? Pas outre mesure Sandrine Marcot, présidente déléguée de l'Union française des bijoutiers et horlogers (UBH). "Oui, il y a un effet de mode et oui ça va se démocratiser", concède l'experte interrogée par Europe 1. "De là à faire une concurrence commerciale, pas encore", explique-t-elle. Cette concurrence se concrétisera plutôt "d'ici une petite dizaine d'années", prédit la dirigeante de l’organisation professionnelle représentant tous les acteurs du secteur. "Oui, d'ici là, on sera sur une tendance du tout connecté. La montre fera partie de cette génération, celle de mon fils qui a dix ans par exemple", avance Sandrine Marcot.
...malgré un secteur "en perte de vitesse". Un avis tranché que ne partage pas complètement Philippe Moati, professeur d’économie à l’Université Paris Diderot et co-fondateur de l’observatoire de société et consommation (ObSoCo). Pour ce spécialiste, l'horlogerie traditionnelle est "un secteur en perte de vitesse" - on parle d'une chute des ventes de 3% entre 2013 et 2014. "Avec l'arrivée de plusieurs produits comme les téléphones ou les ordinateurs, la fonction de base de la montre a été réduite, l'intérêt s'est donc contracté. L'arrivée de nouvelles fonctionnalités, sur les montres connectées, justifie donc le regain d'intérêt actuel", remarque le professeur d'économie interrogé par Europe 1.
Les montres connectées ont encore tout à prouver. Les montres connectées sont encore majoritairement issues de marques High-Tech. Et pour Philippe Moati, elles ne sont pas encore au niveau des "traditionnelles" en terme de qualité : "On n'a pas encore la stabilité des montres traditionnelles et globalement, ce qui est actuellement proposé est encore très laid", constate-t-il. "L'objet n'a pas été dessiné pour être joli, pour l'instant du moins", estime le spécialiste. Mais le professeur d'économie juge "emmerdante" l'arrivée d'Apple sur le secteur car "la marque est très puissante". Et sur le long terme, Philippe Moati n'exclut pas un "affrontement total" entre les marques traditionnelles et les Apple & Co. Les montres traditionnelles ont donc encore un peu d'avance, mais leur pendant "intelligent" devrait remettre les pendules à l'heure rapidement.
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