Europe 1, Le Parisien et Frenchweb ont établi le TOP 100 des personnalités qui font le web français. David Abiker et Guy Birenbaum en débattront avec leurs invités jeudi à 20h dans des Clics et des Claques par (avec renvoi vers la page DCDC). Vous pouvez dès maintenant réagir sur le classement sur Twitter via le hashtag #100influenceurs.
Marlène Schiappa, 30 ans, est numéro 6 de notre classement dans la catégorie “influenceurs sociétaux”
Profession : blogueuse, conférencière, auteure, formatrice
Projet : Le blog mamantravaille.fr
Ses débuts en 2008
Compte Twitter :@maman_travaille
Employée chez Havas, Marlène Schiappa lance en 2008 son blog dédié aux mères qui travaillent : mamantravaille.fr. Progressivement, ses articles attirent de plus en plus de monde et font d’elle une activiste de l’égalité homme-femme. Elle se distingue en France où la question des mères au travail est peu traitée par les médias. Aujourd’hui, elle intervient auprès des politiques et des entreprises pour faire avancer sa cause.
Pourquoi vous-êtes vous intéressée au web ?
C’est un moyen de communication qui met tout le monde sur un pied d’égalité : les hommes, les femmes, les personnes de toutes les couleurs, où qu’elles vivent. Par le web, on rencontre des personnes à qui on ne parlerait pas dans la rue et avec qui on peut avoir des conversations très intimes, notamment sur le thème de la maternité.
C’est quoi pour vous l’influence ?
Souvent on parle de quantité, mais être influent sur trois personnes très importantes, ça peut avoir plus d’impact que sur dix millions qui n’ont pas de pouvoir de décision. Cela dit, j’aime pas tellement parler d’influence, je préfère parler de créateur de débat. Je trouve que c’est intéressant de profiter de l’influence pour mettre des débats sur la place publique.
En quoi avez-vous de l’influence selon vous ?
Depuis que mon blog existe, je me bats pour qu’il y ait plus de places en crèche et il en manque toujours. Je me bats pour que les congés parentaux soient partagés à parts égales entre pères et mères et au regard des chiffres, on régresse. Cela dit, je pense que l’on est influent désormais parce que, il y a quelques années, quand on parlait de “mère actives” et de conciliation de vie professionnelle et vie familiale, les entreprises nous claquaient la porte au nez en nous disant que c’était des trucs de “bonnes femmes”. Maintenant, on est reçu à l’Assemblée nationale quand il y a des débats sur l’égalité professionnelle.
Sur qui exercez-vous votre influence ?
On a trois cibles dans le cadre du blog. On s’adresse déjà aux mères qui travaillent. En juin, on a organisé la journée “maman travaille” et il y a 350 personnes qui sont venues de toute la France pour y participer. On a même été obligé de refuser du monde dans la salle.
On essaye de cibler aussi les politiques. En 2012, on a été contacté par une grande majorité des candidats à la présidentielle. Les politiques nous suivent plus que nous les suivons. Ce n’est pas rare que des politiques soient venus me dire qu’ils s’étaient inspirés de ce qu’ils avaient lu sur le blog. Il y a dix ans, les politiques allaient trouver des idées sur les marchés, maintenant ils vont sur des blogs pour voir les informations remonter.
Enfin, on s’adresse aux entreprises au travers de nos propositions “maman travaille” dans lesquelles on leur propose des solutions. Cette année on a décerné un prix à une entreprise qui met à disposition des places de crèches en urgence pour les salariés qui n’ont pas de mode de garde.
De quoi êtes vous le plus fière dans vos contributions ?
La création du concept de “plafond de mère”. A la base, on parlait de “plafond de verre”, ce plafond invisible qui empêchait les femmes de monter dans la hiérarchie des entreprises. J’ai lancé l’expression “plafond de mère” qui sont l’ensemble des mécanismes managériaux, sociaux, psycho-sociaux, qui font que les mères vont avoir plus de difficultés à faire carrière que les hommes et que les femmes qui n’ont pas d’enfant.
L’expression a bien été reprise dans les médias. Maintenant, on me demande d’animer des formations sur ce thème dans les entreprises. C’est intéressant parce que c’est une expression phare qui est restée dans l’esprit des gens même si ça n’a pas résolu le problème.
Qui vous influence ?
Sur internet, je suis particulièrement le travail d’Isabelle Germain qui a fondé le site lesnouvellesnews.fr. C’est une penseuse de l’égalité homme-femme. Dans le même thème, j’aime bien Eveleblog. Je m’intéresse aussi beaucoup au travail de mauvaisemère.fr, qui était animé par trois mères et qui vient de s’arrêter, et à celui d’un père au foyer, tillthecat.com. Hors du net, Elisabeth Badinter et Virginia Woolf sont aussi des sources d’inspiration.
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