Après Dailymotion, est-ce au tour d'Alcatel-Lucent d'être racheté ? L'équipementier en télécom finlandais Nokia a en tout cas annoncé mardi négocier avec son concurrent franco-américain Alcatel-Lucent en vue d'acquérir tout le groupe. "Nokia et Alcatel-Lucent confirment être en discussions avancées concernant une éventuelle fusion complète, qui prendrait la forme d'une offre publique d'achat de Nokia sur Alcatel-Lucent", a indiqué Nokia dans un communiqué. Il n'y a "pas de certitude à ce stade" que ces négociations aboutissent, a-t-il ajouté. Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, s'est déclaré lui "extrêmement vigilant" sur la préservation de l'emploi sur les sites français d'Alcatel-Lucent.
Nokia, ex-numéro un mondial de la téléphonie. Nokia n'a donné aucun détail supplémentaire, n'évoquant aucun montant ni les raisons qui l'ont poussé à s'intéresser à Alcatel-Lucent. Le Finlandais, numéro un mondial des téléphones portables pendant une dizaine d'années, doit néanmoins se réinventer. D'autant qu'il a, avant d'être dépassé par le sud-coréen Samsung, cédé en avril 2014 son activité téléphones portables et tablettes au géant américain du logiciel Microsoft. Depuis, il a gardé dans ses coffres l'essentiel des 5,4 milliards d'euros tirés de cette vente et s'est spécialisé dans les infrastructures et les logiciels permettant aux téléphones de se connecter en haut-débit, sans oublier son système de géolocalisation.
Pourquoi vouloir avaler Alcatel-Lucent ? Pour le Finlandais, l'intérêt serait de grandir face à son rival historique Ericsson et face au poids lourd en devenir qu'est le Chinois Huawei. Et pour croître rapidement, autant absorber une autre entreprise. Or, il se trouve qu' est à peine plus petit que Nokia, 53.000 employés contre 55.000 pour le Suédois, et qu'il s'est tourné vers le même secteur : les infrastructures du très haut-débit et le "cloud computing". Sans oublier qu'"Alcatel-Lucent est propriétaire de très nombreux brevets.
Le possible rapprochement avec Alcatel-Lucent n'est d'ailleurs pas vraiment une surprise : des négociations entre les deux sociétés avaient déjà eu cours fin 2014, sans se concrétiser. Puis des rumeurs de rachat ont commencé à fuiter dès lundi, via l'agence financière Bloomberget le quotidien français Les Échos.
Une opération risquée pour tout le monde. Racheter une entreprise n'offre pourtant pas la garantie d'une croissance réussie. La cible du jour, Alcatel-Lucent, est d'ailleurs bien placée pour le savoir : l’entreprise est née en 2006 de la fusion du français Alcatel et de l'américain Lucent, un mariage qui n'a pas vraiment pris en raison de cultures d'entreprises très différentes et d'une complémentarité limitée. Résultat, le nouveau groupe n'a pas créé de synergie particulière et n'a fait que perdre de l'argent depuis cette fusion.
Redoutant une telle union, les marchés n'ont pas tardé à sanctionner Nokia, dont l'action perdait 6,44% à la Bourse d'Helsinki près d'une demi-heure après l'annonce, tandis que celle d'Alcatel-Lucent augmentait de près de 14% à la Bourse de Paris.
L'Elysée veut avoir un droit de regard. L'intérêt de Nokia pour Alcatel-Lucent à peine rendu public, le gouvernement n'a pas tardé à s'impliquer dans le dossier. L'Elysée a convié le Pdg de chaque entreprise, mardi après-midi à l'Elysée. Une vigilance des pouvoirs publics probablement anticipée : Bloombergsoulignait lundi que Nokia cherchait à s'assurer la bienveillance des autorités françaises, précisant que "des responsables du gouvernement travaillent avec des conseillers" sur un montage préservant des emplois de recherche et développement en France.
Macron "extrêmement vigilant" sur la préservation des emplois. Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, s'est déclaré mardi "extrêmement vigilant" sur la préservation de l'emploi sur les sites français d'Alcatel-Lucent. Je pense en particulier aux sites de Lannion (en Bretagne) et Villarceaux (en région parisienne)", a affirmé le ministre. Emmanuel Macron, qui suit "la situation de près en lien avec les dirigeants d'Alcatel-Lucent", se déclare également vigilant "à ce que l'excellence des laboratoires de recherche en France soit maintenue".
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