L'INFO. C'est une expression un peu barbare mais qui nous concerne tous. La neutralité du Net, qui désigne le traitement équitable entre tous les acteurs du Web, vient d'être remise en cause aux États-Unis. D'où vient ce principe ? Quels sont les défenseurs de ce que certains appellent un "droit universel"? Qui sont ses détracteurs ? Où en est la Neutralité du net en France ? Europe1.fr vous explique tout.
D'où vient la neutralité du Net ? C'est un professeur de droit de l'université de Columbia, à New York, qui a popularisé le concept de neutralité du net dans un article paru en 2003. L'inventeur du World Wide Web (protocole utilisé par tous les sites Internet) Tim Berners-Lee lui-même soutient l'idée d'un outil défini comme un espace ouvert, créatif et libre : c'est la base de la neutralité du Net.
Cette vidéo publiée par le groupe Anonymous explique en détails les fondements de la neutralité du Net :
Concrètement, ça donne quoi ? Voici quelques exemples de scénarios qui pourraient arriver si la neutralité du net n'était plus respectée :
> À l'heure du déjeuner, au moment d'écouter votre playlist musicale préférée sur Spotify, le chargement des morceaux est lent et certains sont même entrecoupés. La raison ? Votre opérateur vient de passer un accord avec Deezer pour privilégier l'accès à son service de streaming musical maison tout en évitant les heures de pointe sur Spotify.
> En partant du bureau, vous vous connectez à un site d'informations afin de vérifier l'actualité en Ukraine. Malgré un plein réseau en 3G, le chargement des pages est horriblement lent en raison du partenariat entre votre opérateur et un autre site d'informations, qui a négocié pour être prioritaire à cette heure de la journée.
> En regardant le dernier épisode de votre série préférée passé la veille sur votre chaîne favorite, les lenteurs et les saccades se multiplient. Ne cherchez plus l'explication : un opérateur concurrent du vôtre a annoncé la semaine précédente un contrat avec la première chaîne télévisée.
Qui est pour, qui est contre ? Aux États-Unis, depuis l'annonce le 24 avril du gendarme des télécoms, les opérateurs vont désormais pouvoir faire payer les sites Web pour maintenir une vitesse de connexion optimale. Une violation de la neutralité du Net dénoncée par Craig Aaron, président du mouvement Free Press : "Les plus riches bénéficieront de ces nouvelles voies rapides. Les autres seront poussés sur les chemins de terre du Web". En Europe, c'est le Parlement européen qui a fait le chemin inverse en adoptant le 3 avril dernier un texte définissant la neutralité du Net de façon "explicite, générale et de force exécutoire" se félicitait Françoise Castex, eurodéputée PS. Et en France ? La secrétaire d'État au numérique Axelle Lemaire s'est déclarée "favorable à une neutralité qui est clairement affirmée et dont le principe s'applique aux réseaux comme aux grandes plateformes de services".
Et en France ? À chaque évocation de la neutralité du Net en France, un exemple récurrent revient sur la table : depuis plusieurs années, Free est accuser de brider l'accès à YouTube auprès de ses abonnés aux heures de pointe, c'est-à-dire en début de soirée. En 2012, l'UFC-Que Choisir avait bel et bien constaté une baisse de débit sur le site partage de vidéos à certaines heures de la journée mais avait élargi sont constat à tous les opérateurs (Orange, SFR et Bouygues Telecom). Une violation de la neutralité du Net qui avait poussé l'Arcep, le gendarme français des Télécoms, à mener en mars 2012 une première enquête afin de le vérifier. Malgré une conclusion négative, l'Arcep devrait de nouveau se pencher sur la question au second semestre 2014.