"Dudus" Coke repasse par la case prison

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Hélène Favier (avec AFP) , modifié à
Pour arrêter ce baron de la drogue, la Jamaïque avait dû décréter l'état d'urgence.

Au moins 73 morts. La facture de l'arrestation Christopher "Dudus" Coke est lourde pour la Jamaïque. Mais mardi, les forces de l'ordre du pays ont enfin mis la main sur ce baron de la drogue, dont les Etats-Unis réclament l'extradition.

Une traque de plusieurs semaines

Sa traque avait provoqué de violents affrontements fin mai à Kingston entre police et armée d'un côté, et affidés de "Dudus" de l'autre, qui avaient fait plus de 70 morts civils, obligeant le gouvernement à proclamer l'état d'urgence.

A la tête du principal gang de trafiquants de drogue de Jamaïque, les "Shower Posse", Coke est considéré comme un marchand de mort ultra-violent par Washington, mais aussi comme un bienfaiteur et un "parrain" dans les bidonvilles de Kingston, réputée l'une des capitales les plus violentes du monde.

"Dudus", sa vie, son oeuvre

Fils de Jim Brown, autre "parrain" légendaire, disparu tragiquement en 1992, Coke, qui avait un mode de vie plutôt discret, a bâti un empire avec son gang en jouant aussi de la politique et des affaires. Le Premier ministre Bruce Golding est lui-même député de Tivoli Gardens, le fief du Shower Posse qui apportait son soutien au parti au pouvoir, le Jamaica Labour Party.

La justice américaine accuse Coke d'approvisionner New York et les autres villes de la côte Est en crack, cocaïne et marijuana, causant au passage de sanglantes guerres de gangs. Les enquêteurs évaluent le bilan de ces affrontements à plusieurs milliers de morts depuis les années 90.

Coke risque la prison à vie s'il est extradé et reconnu coupable aux Etats-Unis. L'offensive du gouvernement contre cet homme, après des mois d'hésitation, a suscité l'espoir en Jamaïque d'une rupture des liens entre les gangs et les hommes politiques.