Diront-ils "aye" ("oui") ou "nay" ("non") ? Le 18 septembre, les Ecossais vont se prononcer par référendum sur leur indépendance. Les derniers sondages donnaient cependant un léger avantage aux tenants du maintien de l'union, mais avec un nombre d'indécis suffisamment important pour faire pencher la balance.
>> Et si les partisans du "aye", l’emportaient vraiment ? Europe 1 a imaginé à quoi pourrait ressembler une Ecosse indépendante en 2020 et vous propose d’embarquer dans sa machine (fictive) à avancer dans le temps.
Peu après avoir obtenu son indépendance, l’Ecosse s’est dotée d’une Constitution rédigée par une commission indépendante. Le texte s’appuie largement sur celui rédigé dès 2014 par le parti indépendantiste écossais, le SNP, dont les premiers mots étaient déjà : "en Ecosse, le peuple est souverain". L’Ecosse avait déjà son propre gouvernement et son Parlement, baptisé Holyrood, qui siège à Édimbourg Quant aux symboles du nouveau pays, ils n’ont pas varié. Le drapeau écossais, avec sa croix blanche sur fond bleu, est ainsi l’un des plus anciens au monde. Il a en revanche été moins évident de trouver un hymne. Invités à choisir entre "Scotland the Brave" et "Flower of Scotland", les Écossais se sont finalement prononcés en faveur du second.
En tant que nouveau pays, l’Ecosse a aussi dû se faire une place sur la scène internationale, en ouvrant des ambassades un peu partout dans le monde. Édimbourg également dû déposer son dossier de candidature à Bruxelles avant de devenir enfin membre de l’Union européenne début 2016. Le petit nouveau n’a cependant pas voulu entrer dans l’espace Schengen, préférant conserver sa place dans le "Common Travel Area", un accord de libre circulation conclu avec le voisin anglais dès les années 1920. En clair : pas besoin de passeport pour traverser la frontière entre l’Angleterre et l’Ecosse.
Retour en 2014 :
Depuis qu’elle est un pays à part entière, l’Ecosse fait aussi partie de l’ONU. Et qui dit pays indépendant dit aussi capacité à se défendre. Farouchement opposés à toute forme d’armement nucléaire, les membres du gouvernement écossais ont donc renvoyé "chez eux" les sous-marins nucléaires Trident stationnés depuis des années sur la côte ouest du pays, non loin de Glasgow. Tout en constituant une armée nationale destinée à assurer la défense du pays.
"L'indépendance de l’Écosse remettrait en...par Europe1frAvant l’indépendance, la grande question était aussi de savoir quelle monnaie l’Ecosse allait adopter. Plusieurs scénarios étaient alors envisagés : union monétaire avec Londres, création d’une monnaie purement écossaise ou entrée dans l’euro. Les indépendantistes auraient bien voulu conserver la livre sterling, mais Londres ne l’entendait pas de cette oreille : en 2014, les principaux partis de Westminster, un brin rancuniers, ont opposé dans un premier temps un "non" catégorique. Un accord a tout de même pu être trouvé et la livre anglaise continue donc de circuler en Ecosse.
Si vous vous rendez en Ecosse bientôt, inutile d’allumer la radio pour écouter la BBC : depuis 2017, c’est le Scottish Broadcasting Service qui a pris le relais. Rassurez-vous : vous n’aurez pas besoin d’apprendre le gaélique pour pouvoir communiquer et lire les panneaux. Le gouvernement a beau faire des efforts depuis six ans pour relancer l’apprentissage de cette langue complexe, le gaélique écossais demeure très marginal. Côté culture, le dynamisme de la patrie de Sean Connery ne faiblit pas. L’Ecosse participe depuis peu au fameux concours de l’Eurovision, déjà remporté par la chanteuse écossaise Lulu, sous les couleurs de la Grande-Bretagne en 1969.
La prestation de l'Ecossaise Lulu en 1969 :
Un conseil toutefois : l’habit traditionnel ne semble pas faire recette. En 1966, le pauvre Kenneth McKellar, monté sur scène en kilt, n’avait reçu les votes que de deux pays. Pour clore le chapitre musical, sachez en outre que si vous espériez assister à un concert du chanteur anglais David Bowie lors de votre passage à Glasgow ou à Edimbourg, c’est plutôt raté : depuis qu’il a pris position contre l’indépendance en février 2014, l’interprète de "Heroes" n’y est pas vraiment le bienvenu.
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Il est un autre domaine dans lequel l’indépendance a apporté des changements : celui du sport. Dès les JO de Rio 2016, l’Ecosse était fière d’aligner sa propre équipe olympique. Le tennisman Andy Murray porte en outre les couleurs de l’Ecosse, et non plus celles de la Grande-Bretagne, dans les tournois auxquels il participe, comme il l’avait promis avant le référendum de 2014. Pour les tournois de football ou de rugby, en revanche, pas grand-chose n’a changé puisque les championnats étaient déjà séparés depuis des années.
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