Afrique du Sud : l'ANC décide de "rappeler" le président Jacob Zuma

L'actuel président sud-africain refuse de mettre fin à son mandat avant les élections générales de 2019 (image d'archives)
L'actuel président sud-africain refuse de mettre fin à son mandat avant les élections générales de 2019 (image d'archives) © Kevin Hagen / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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avec AFP , modifié à
Après une réunion-marathon de treize heures, le parti au pouvoir en Afrique du Sud (ANC) a décidé de "rappeler" le président Jacob Zuma qui refuse de démissionner, selon les médias nationaux.

Le Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir en Afrique du Sud, a décidé mardi de "rappeler" le président Jacob Zuma, qui a plongé le pays dans une grave crise politique en refusant obstinément de démissionner, ont annoncé des médias locaux.

Une décision après treize heures de tractations. Cette décision a été prise à l'issue d'une réunion-marathon à huis clos de treize heures de la direction du parti dans un hôtel de Pretoria, ont indiqué ces médias en citant des sources non identifiées. "Cela a pris treize longues heures, mais le Comité national exécutif (NEC) de l'ANC a décidé de rappeler Jacob Zuma de son poste de chef de l'État", a écrit le site d'informations The Times. Cette information n'a pas encore été confirmée officiellement par le parti, tandis que Jacob Zuma n'a pas réagi immédiatement à cette décision.

Négocier le départ anticipé de Zuma. Élu en décembre, le nouveau chef de l'ANC, Cyril Ramaphosa, essaie vainement depuis plusieurs semaines d'obtenir le départ anticipé du président, dont le deuxième mandat s'achève normalement à l'issue des élections générales prévues en 2019. Mais Jacob Zuma, empêtré dans de nombreux scandales de corruption, a jusque-là toujours refusé de se plier aux exigences de son parti. Selon plusieurs médias locaux, Cyril Ramaphosa a une nouvelle fois rencontré Jacob Zuma lundi soir pour lui demander de se démettre dans les quarante-huit heures. Mais il s'est heurté une nouvelle fois à une fin de non-recevoir.

Une grave crise politique. La résistance du chef de l'État a plongé le pays dans une grave crise politique, qui s'est notamment manifestée par le report, la semaine dernière, du discours présidentiel annuel sur l'état de la nation, une première dans l'histoire de l'Afrique du Sud démocratique. Le patron de l'ANC a lui-même reconnu dimanche que son parti traversait une période de "désunion et de discorde".

Même si la fin de son règne semblait proche, le président Zuma reste soutenu par un carré de fidèles. "Ils ont atteint le pic de leur carrière politique, certains sont visés par des plaintes (...), ils sont animés par leur seul instinct de survie", a résumé Somadoda Fikeni, analyste politique.

"Repartir à zéro". Impatiente, l'opposition, qui demande depuis des années le départ de l'actuel président, a exigé lundi la dissolution du Parlement et la tenue d'élections anticipées. "Il est important que le Parlement soit dissout et que nous repartions de zéro", a déclaré Kenneth Meshoe, chef du Parti démocratique chrétien africain (ACDP). "Parce que s'il [Jacob Zuma] est remplacé par son vice-président Cyril Ramaphosa, le même groupe de personnes qui défendent et protègent la corruption seront au pouvoir", a-t-il justifié.

L'opposition a aussi réclamé que soit avancée une motion de défiance, inscrite à l'ordre du jour du Parlement le 22 février. "Si elle ne le fait pas, elle va céder l'initiative à ses alliés, à certaines fractions de l'ANC, à l'opposition et à la société civile, qui seront créditées d'avoir poussé le président vers la sortie".

 

Une procédure de "rappel"

La direction de l'ANC a le pouvoir de "rappeler" tous ses membres délégués à une fonction gouvernementale, comme elle l'avait fait en 2008 pour le président Thabo Mbeki, qui avait obtempéré et accepté de démissionner. Mais le chef de l'État n'est toutefois pas obligé d'accepter cette décision. Dans ce cas, l'ANC peut alors décider de présenter devant le Parlement une motion de défiance. Ce texte peut être adopté à la majorité absolue des 400 députés.