La ministre sud-africaine de l'Intérieur avait promis un accueil triomphal pour la nouvelle championne du monde du 800 m. Des milliers de fans ont répondu à son appel mardi et sont venus ovationner Caster Semenya, à son arrivée mardi à l'aéroport de Johannesburg. "Notre Grande Dame du Sport", louait une pancarte. "100% femme féminine", disait une autre. Des slogans pour ce qui ressemblait presque à une manifestation.
Car le cas de Caster Semenya, soupçonnée d'être un hermaphrodite, est devenu une affaire d’Etat en Afrique du Sud. Le président sud-africain, Jacob Zuma, a parlé d'"humiliation"."Merci de faire flotter si haut les couleurs de notre drapeau. Merci d'avoir de nouveau placé l'Afrique du Sud sur la carte du monde", a lancé de son côté la ministre des Femmes, Noluthando Mayende-Sibiya.
"Nous tous, les Sud-Africains, et particulièrement les femmes, devons nous rassembler autour de Caster et rejeter avec tout le mépris qui se doit les insinuations à propos de son sexe", avait expliqué dimanche la ministre sud-africaine de l’Intérieur. Pour Julius Malema, le patron des jeunes de l'ANC, le parti au pouvoir en Afrique-du-Sud, cette décision est même "raciste".
L'arrivée de Caster Semenya à l'aéroport a donné lieu à une grande scène de bousculade :
Caster Semenya a succédé au président sud-africain à la tribune de presse :"J'ai pris la tête dans les derniers 400 (mètres),et je les ai tuées", a-t-elle lancé, tout sourire, à propos de ses adversaires en finale du 800 m féminin des Mondiaux de Berlin. Elles n'ont pas pu suivre la course. C'était génial !" Il s'agissait de ses premiers propos publics depuis sa victoire, car elle n'avait pas participé à la traditionnelle conférence de presse suivant la compétition afin de se protéger de la polémique.
Semenya, qui vient d'un village très pauvre de la province de Limpopo, avait failli ne pas aller chercher sa médaille d'or mercredi dernier à Berlin. Mardi, elle a retrouvé le sourire. Juste un répit ? La Fédération internationale d'athlétisme a en effet décidé de diligenter un comité d'experts pour enquêter sur le cas de Semenya. Les résultats ne seront pas connus avant plusieurs semaines.