En Algérie, la contestation ne faiblit pas

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Des heurts ont éclaté en milieu de journée, alors que l'essentiel du cortège s'est dispersé dans le calme. © RYAD KRAMDI / AFP
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avec AFP , modifié à
Des manifestations ont eu lieu dans toute l'Algérie, vendredi. Des heurts ont cependant éclaté entre des jeunes manifestants et la police, en plein cœur d'Alger. 

Un cortège monstre a défilé dans une ambiance plus tendue qu'à l'accoutumée, à Alger, pour un 8e vendredi consécutif de contestation, le premier depuis l'annonce d'une présidentielle le 4 juillet pour désigner un successeur à Abdelaziz Bouteflika, rejetée par les manifestants. Comme chaque semaine, le défilé s'est déroulé globalement dans le calme mais la tension palpable avec la police, moins souple que d'habitude, a débouché sur des heurts qui ont fait plusieurs blessés et des dégâts matériels.

Le nombre exact de manifestants est difficile à établir, ni les autorités ni les protestataires ne communiquant de chiffres. Mais en début d'après-midi une foule dense, au moins aussi importante que celle des vendredis précédents, a empli joyeusement les rues du centre-ville de la capitale. Aucun incident n'a été signalé lors des défilés recensés - selon le décompte de l'agence de presse officielle APS - dans 42 des 48 régions du pays.

Une centaine de personnes arrêtées à Alger

L'essentiel du cortège algérois a quitté le centre-ville à la tombée de la nuit après avoir défilé dans le calme comme chaque semaine, mais la police a dû tirer de nombreuses grenades lacrymogènes pour disperser une centaine d'irréductibles, après de précédentes échauffourées en milieu d'après-midi.

Selon la police qui a attribué les violences à des "manifestants infiltrés" , 27 policiers ont été blessés dont quatre grièvement et 108 personnes arrêtées. Plusieurs manifestants ont également été légèrement blessés par des pierres, dans les bousculades ou ont fait des malaises en raison du gaz lacrymogène, selon des journalistes de l'AFP. Une voiture de police a été incendiée. Plusieurs véhicules ont également été vandalisées, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux.

Les manifestants demandent le départ de Bensalah

L'attitude de la police, moins tolérante ces derniers jours qu'à l'accoutumée, a alimenté les tensions dès la matinée, mais n'avait pas découragé les manifestants, venus pour certains en famille. Pour la première fois en 8 semaines de défilés hebdomadaires dans la capitale, des policiers ont empêché plusieurs heures l'accès au parvis de la Grande Poste, épicentre de la contestation, et ont tenté vainement d'en déloger quelques centaines de manifestants installés dès l'aube.

Certains venus d'autres ville avaient passé de longues heures sur la route, ralentis par de nombreux barrages filtrants de la gendarmerie sur le trajet. Après avoir obtenu le 2 avril la démission du chef de l'Etat, les manifestants réclament désormais le départ d'Abdelkader Bensalah, apparatchik de 77 ans devenu président par intérim, et de l'ensemble des personnalités de l'appareil mis en place par le président déchu en 20 ans de pouvoir. Les contestataires prônent donc la mise sur pied d'institutions ad hoc, en vue d'une véritable transition post-Bouteflika.