L'ancien président arménien Serge Sarkissian, récemment nommé Premier ministre, a présenté lundi sa démission, au onzième jour de protestations qui ont mobilisé contre lui des dizaines de milliers de personnes.
"Je quitte le poste de dirigeant du pays", a déclaré Serge Sarkissian dans un communiqué publié sur son site officiel. "Nikol Pachinian (le chef de la contestation et député) avait raison. Et moi, je me suis trompé", a ajouté Serge Sarkissian, qui avait été élu Premier ministre par les députés il y a moins d'une semaine, après avoir été dix ans président.
"Nous avons gagné !". Cette annonce surprise est intervenue quelques heures après la libération de Nikol Pachinian, interpellé la veille lors d'une manifestation de l'opposition, et qui a aussitôt rejoint les protestataires dans les rues d'Erevan, en lançant: "Tout le monde a déjà compris que nous avons gagné !". Des milliers de manifestants réunis lundi sur la place de la République, en plein centre de la capitale arménienne, où est situé le siège du gouvernement, ont accueilli par des cris de joie et des applaudissements la nouvelle de la démission du Premier ministre.
Jubilation in Armenia as Prime Minister Serzh Sargsyan resigns on this day. A historic moment in the 27 year history of independent Armenia. #RejectSerzh#YerevanProtest#Armeniapic.twitter.com/WyILliUCUd
— EVN Report (@evn_report) 23 avril 2018
Depuis le 13 avril, les manifestations se sont succédé pour exiger la démission de Serge Sarkissian, accusé par les contestataires de s'accrocher à tout prix au pouvoir. Après dix ans à la tête de l'État, Serge Sarkissian avait fait voter une réforme constitutionnelle qui a donné des pouvoirs renforcés au Premier ministre et laissé au président un rôle essentiellement honorifique.
Une "affaire intérieure arménienne". Le Kremlin suit "attentivement la situation en Arménie", un "pays extrêmement important" pour la Russie et son "très proche allié", a déclaré à Moscou le porte-parole du président Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, en prenant soin de souligner que ce mouvement de protestation était "une affaire intérieure arménienne". L'interpellation de Nikol Pachinian, 42 ans, a été suivie dimanche soir par une grande manifestation de protestation qui a rassemblé des dizaines de milliers de personnes sur la place de la République, au centre de la capitale, où se trouve le siège du gouvernement et où d'importants effectifs de la police avaient été déployés.
Oligarchie, pauvreté et corruption. Cette première manifestation organisée en l'absence de Nikol Pachinian s'était terminée dans le calme. Les manifestants avaient cependant réitéré leur volonté de poursuivre les rassemblements jusqu'à ce que Serge Sarkissian démissionne. Les manifestants reprochent également à Serge Sarkissian, un ancien militaire de 63 ans, de n'avoir pas su faire reculer la pauvreté et la corruption, alors que les oligarques ont toujours la haute main sur l'économie du pays. Dimanche matin, une tentative de négociations entre Nikol Pachinian, ancien journaliste et opposant de longue date, et le Premier ministre Serge Sarkissian, réunis devant les caméras de télévision dans un grand hôtel de la capitale arménienne, avait échoué après une brève discussion entre les deux hommes.