Les 70 ans de la mort du Mahatma ("grande âme", en sanskit) Gandhi, apôtre de la non-violence et père de la nation indienne, seront célébrés lundi. Son petit-fils Arun Gandhi, qui a repris le flambeau de son grand-père, était l'invité de l’émission C'est arrivé demain. A 84 ans, il a expliqué en quoi la pensée de son aïeul inspirait toujours.
"Pratiquer soi-même la non-violence". L'homme se remémore d'abord les souvenirs de son grand-père : "Quand je suis allé lui rendre visite à l'âge de 12 ans, quand je l'ai vu assis dans une hutte en terre battue, j'étais très touché par son mode de vie. Il m'a donné toute l'attention qu'il pouvait en dépit de son emploi du temps chargé. Il a pu passer chaque jour au moins une heure avec moi et m'enseigner des leçons extrêmement importantes." Mais sur l’héritage de son grand-père, Arun Gandhi avertit : "Les gens qui ont traduit sa philosophie n'ont pas fait un très bon travail". Et le petit-fils de déclarer lui même ce qu'il considère comme le principal message de son aïeul : "Il fallait pratiquer soi-même la non-violence au lieu de traiter cela comme un système pour résoudre les conflits politiques par exemple."
La colère, mère de la violence. Lui-même a fondé aux Etats-Unis, où il vit, la Gandhi Worldwide Education Institute, qui lutte contre l'exploitation physique et psychologique des enfants des pays défavorisés. Il parcourt le monde pour diffuser son propre message : "Si nous étions capables de comprendre la colère, de la contrôler, de l'utiliser de façon efficace, nous serions capables de réduire la violence de façon extrêmement substantielle. La colère est au cœur de mon message parce ce qu'elle crée énormément de violence. L'université de Harvard a mené une enquête qui arrive à la conclusion que 80% de la violence à laquelle nous devons faire face est générée par la colère."
C'est l'individu qui doit changer d'abord pour que tout le reste change
Transformer la colère. On peut y voir un paradoxe entre grand-père et petit-fils, où l'un était le père de la non-violence quand l'autre évoque le pouvoir de la colère. "Je pense qu'il était un excellent exemple de la façon dont il est possible de transformer sa propre colère. Il a souffert les mêmes humiliations en Afrique du sud (Ghandi a vécu en Afrique du sud de de 1893 à 191, ndlr) que moi j'ai eues à subir. C'est cette humiliation qui l'a transformé et qui a fait qu'il a recherché la non-violence comme moyen de transformer le monde (...). Il m'a expliqué comment la colère pouvait être utilisée de façon positive. Je devais être assis tranquillement dans une pièce pendant quelques instants et tenir quelque chose que je devais regarder, puis fermer les yeux et me rendre compte combien de temps garder cette image dans mon esprit. Et en faisant cet exercice chaque jour, j'ai pu contrôler mon esprit."
Attention à la "société du jetable". Reprenant le message principal de son grand-père, il annonce : "Si nous changeons nous-mêmes individuellement, alors notre religion, notre politique vont changer. Malheureusement nous adhérons encore et toujours à la philosophie de la violence. C'est l'individu qui doit changer d'abord pour que tout le reste change", conclut Arun Gandhi qui rappelle ses cinq piliers de la non-violence : le respect, la compréhension, l'acceptation, l'appréciation et la compassion". Et l'homme de donner un dernier avertissement, en matière d'environnement, pour une vie plus simple avec moins d'objets, moins tournée vers le luxe et la consommation : "Nous avons crée une société du jetable, raison pour laquelle nous détruisons notre environnement. Nous en souffrons."