Rebondissement dans l'affaire Habyarimana. Les juges français qui enquêtent sur l'attentat contre le président rwandais Juvénal Habyarimana en 1994, épisode déclencheur du génocide des Tutsi, ont relancé vendredi les investigations. Ils vont entendre un ex-militaire entré en dissidence, qui accuse l'actuel président Paul Kagame. Réfugié en Afrique du Sud, où il a fait l'objet de tentatives d'assassinat, l'ancien général rwandais Faustin Kayumba Nyamwasa est lui-même visé par un mandat d'arrêt, lancé en 2006.
Un ancien proche de Kagame l'accuse. L'ancien général, membre fondateur, au côté de Paul Kagame, de la rébellion tutsi du Front patriotique rwandais (FPR) qui a pris le pouvoir à Kigali en mettant fin au génocide, il a longtemps été dans le premier cercle. Fin juin, dans une déposition devant notaire versée à l'enquête, cet opposant a nié sa participation à l'attentat, rejetant les témoignages qui le mettent en cause, tout en renouvelant ses accusations contre le président rwandais d'en avoir été l'instigateur.
Un dossier enlisé depuis des années. Après cette déposition, les juges d'instruction Jean-Marc Herbaut et Nathalie Poux ont pris la décision d'envoyer une nouvelle commission rogatoire internationale à l'Afrique du Sud pour faire entendre Faustin Kayumba. Une démarche déjà effectuée en vain par le juge précédent, Marc Trévidic, et alors que l'enquête était close depuis janvier dernier. L'attentat du 6 avril 1994 contre l'avion présidentiel, au cours duquel fut tué le président hutu, est considéré comme l'événement déclencheur du génocide des Tutsi au Rwanda, qui a fait au moins 800.000 morts.