Attentats de Pâques au Sri Lanka : le chef de la police met en cause le président

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Un commissaire pointe un défaut de communication entre les services de l'État comme responsable des attentats de Pâques au Sri Lanka. © JEWEL SAMAD / AFP
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avec AFP
Dans un document de 20 pages, le commissaire srilankais suspendu de ses fonctions après les attentats de Pâques évoque un grave manque de communication entre les différents services de sécurité et l'agence de renseignement.

Le chef de la police du Sri Lanka a saisi la Cour suprême pour contester sa suspension, accusant le président Maithripala Sirisena d'être responsable des dysfonctionnements des services de sécurité ayant précédé les sanglants attentats de Pâques.

Des kamikazes du mouvement islamiste local National Thowheeth Jama'ath (NTJ) ont causé un carnage le 21 avril en frappant des hôtels de luxe et des églises chrétiennes en pleine messe de Pâques, faisant 258 morts.

Le commissaire Pujith Jayasundara a été suspendu de ses fonctions par le président. Dans sa requête de 20 pages soumise la semaine dernière à la Cour suprême, il évoque un grave manque de communication entre les différents services de sécurité et l'agence de renseignement du Sri Lanka, lesquels sont tous sous l'autorité du chef de l'État.

Un manque de communication entre services en cause ? 

Il affirme que la plus importante agence de renseignement, le Service de renseignement d'État (SIS) lui avait donné l'ordre en 2018 d'arrêter d'enquêter sur les djihadistes, y compris les militants du NTJ. Le chef de la police démis accuse le patron du SIS Nilantha Jayawardena de ne pas avoir pris au sérieux des renseignements transmis par le voisin indien prévenant le Sri Lanka de l'imminence d'une attaque par le NTJ. Malgré le fait que le SIS n'ait pas relayé cet avertissement à la police, Pujith Jayasundara avait pris lui-même l'initiative d'alerter des responsables policiers, accuse-t-il encore.

 

Un règlement de comptes de la part du président ? 

Pujith Jayasundara avait été suspendu après avoir refusé d'endosser la responsabilité de l'échec à prévenir les attaques et des dysfonctionnements des services de sécurité. Il ajoute s'être vu proposer un poste diplomatique en échange de sa démission mais l'avoir refusé. Le commissaire accuse le président de l'avoir mis sur la touche depuis la crise politique qui a opposé l'automne dernier le chef de l'État, également ministre de la Défense, et son Premier ministre Ranil Wickremesinghe.

Des menaces d'attentat connues avant les drames

L'État sri-lankais a essuyé un feu roulant de critiques pour n'avoir pas su empêcher ces attentats, alors qu'il disposait d'informations préalables spécifiques. Dix jours avant les attentats, Pujith Jayasundara avait averti que le NTJ pourrait s'en prendre à des églises et à d'autres lieux. Mais rien n'a été fait et aucune mesure de sécurité n'a été prise non plus quand le gouvernement a reçu des informations supplémentaires de la part de l'Inde voisine, qui avait interrogé un djihadiste qu'elle détenait, selon des sources officielles.