La polémique sur l'embauche de José Manuel Barroso par Goldman Sachs n'est pas prête de retomber. L'ancien président de la Commission européenne aurait entretenu des contacts étroits avec la banque américaine durant son mandat, selon des documents révélés samedi par le journal portugais Publico. Les dirigeants de Goldman Sachs "faisaient parvenir au cabinet de Barroso de manière confidentielle des propositions sur des changements à apporter aux politiques de l'Union européenne", rapporte le journal qui publie des extraits de lettres et mails obtenus auprès de la Commission européenne.
Une visite discrète au siège de la banque. Une missive du 30 septembre 2013 signée par le patron de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, fait ainsi état d'une visite discrète de Barroso au siège de la banque à New York qui, selon le journal, ne figurait ni à son agenda officiel, ni dans les archives de la Commission. "J'ai beaucoup apprécié notre discussion productive sur les perspectives économiques mondiales", écrit le patron de la banque américaine, qui a fini par embaucher Barroso comme président non-exécutif de Goldman Sachs International.
Barroso dément. Sollicité par le journal, l'ancien président de la Commission a "démenti catégoriquement" avoir eu une "relation spéciale avec une entité financière" durant l'exercice de ses deux mandats à Bruxelles. "J'ai naturellement maintenu des contacts institutionnels - transparents et dûment enregistrés dans les archives de la Commission - avec de nombreuses entités politiques, patronales, syndicales et financières", a-t-il fait valoir.
Parmi elles figuraient "les principales banques qui opèrent sur le marché européen", dans un contexte de "crise financière", a-t-il poursuivi. Le journal cite entre autres une lettre d'une lobbyiste de Goldman Sachs faisant des propositions sur la législation des marchés financiers et une réponse d'un membre du cabinet de José Manuel Barroso qui a promis de les lire "avec grand intérêt". Le recrutement du Portugais par la banque américaine a soulevé une vague d'indignation en Europe et notamment en France, où le président François Hollande l'a qualifié de "moralement inacceptable".