Liban Beyrouth 1:31
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Joanna Chabas, édité Léa Leostic
Le 4 août dernier, Beyrouth était ravagée par une double explosion, qui a fait 177 morts et des milliers de blessés. Depuis, la capitale libanaise tente de panser ses plaies. De nombreux habitants sont traumatisés par les scènes de chaos. Certains estiment même que la catastrophe a fait plus de dégât mental que la guerre.
REPORTAGE

Les images de l’explosion du 4 août dernier sur le port de Beyrouth ont marqué le monde entier : de la fumée, des gravats, des habitations éventrées, des immeubles écroulées. Après ces scènes de chaos, de nombreux Libanais restent traumatisés par cette violente catastrophe, qui les a surpris dans leur quotidien. Certains ont même commencé à développer des symptômes de stress post-traumatiques.

Des scènes qui tournent en boucle 

"Tout le monde courait partout. Il y avait du sang, on ne voyait que du rouge", se souvient Hadeel, qui revoit ces scènes traumatisantes en boucle. Au moment de l’explosion, elle était dans le quartier le plus touchée de la ville, avec son amie Aya. Elle non plus n’arrive pas à se remettre de ce qu’elle a vécu. Elle doit prendre régulièrement des tranquillisants pour calmer ses crises de panique. "J’en tremble là maintenant, rien que d’y penser. Je ne dors plus, même pas deux minutes. Je suis absolument traumatisée. C’est le moindre bruit, le bruit du verre, le bruit de la télé. Là tout de suite, rien que d’en parler j’ai la chair de poule. C’est terrifiant", témoigne-t-elle.

Plus de dégât mental que la guerre ?

Aya dit avoir développé des symptômes de stress post-traumatiques. Et elle n’est pas la seule. La thérapeute Eliana Kay passe sa journée au téléphone avec plus de 15 nouveaux patients tous les jours. Selon elle, cette explosion soudaine a fait plus de dégât mental qu’une guerre. "On vivait normalement, on ne s’attendait pas à recevoir ce qu’on a reçu. Quand on est dans une guerre, on sait qu’on est dans une guerre, donc on s’attend à des bombardements. Quand tu t'attends à la chose, les conséquences sont plus acceptables entre guillemets", développe la thérapeute. Pour elle, le plus dur va être d'accompagner une population qui n’a pas l’habitude de demander de l’aide et de gérer les traumatismes qui ont pu se réveiller dans ce pays encore récemment touché par la guerre.

La double explosion qui a ravagé le port de Beyrouth et une partie de la ville a fait au moins 177 morts et 6.000 blessés.