Birmanie, coup d'état, manifestation 1:22
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Jean-Sébastien Soldaïni, édité par Antoine Cuny-Le Callet
En Birmanie, des centaines de personnes sont portées disparues selon l'ONU. Plus de 200 civils, pour la plupart des manifestants, ont été tués depuis le 1er février, date du coup d'État militaire contre le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi. Europe 1 a pu recueillir la parole d'un soldat déserteur.
TÉMOIGNAGE

La situation continue de se tendre en Birmanie après le coup d'État militaire du 1er février. Les manifestations se poursuivent et le bilan humain de la répression ne cesse de s'alourdir. Parmi les soldats, les déserteurs sont rares, mais Aung Myat a choisi de prendre fait et cause pour les protestataires. Ce capitaine tout juste âgé de 30 ans vit désormais reclus, caché chez un ami. "J'ai vu aux informations que des manifestants étaient tués. J'ai su qu'un jour on pourrait me donner l'ordre de tirer à balles réelles", lâche-t-il au micro d'Europe 1.

"Je refuse de le faire face à des manifestants pacifiques. Je suis parti avant qu'on m'en donne l'ordre." Aung Myat dit avoir eu besoin d'un mois de réflexion, et six jours de préparation, avant de déserter. Le déclic est venu un soir après avoir participé à une journée de répression.

"Ils finiront par me trouver"

Depuis, il a créé un profil Facebook où il pose en uniforme, en levant trois doigts vers le ciel, signe de ralliement des protestataires birmans. Il sait que son sort est désormais scellé. "Ils finiront par me trouver de toute façon", affirme-t-il, résigné. "Tout ce que je veux c'est faire savoir ce qu'il se passe ici. Ensuite j'informerai mes supérieurs pour qu'ils viennent m'arrêter."

L'ex-soldat sait qu'il risque la peine de mort, mais assure ne pas vouloir fuir. L'entreprise s'avère de toute façon compliquée pour lui, piégé à Rangoun. Quant à la peur des jours à venir, il la balaie : ce n'est pas du courage, dit-il, uniquement du désespoir.