La police brésilienne a présenté mercredi devant le parquet une nouvelle accusation contre l'ex-président Lula pour corruption passive : il aurait usé de son influence pour favoriser le géant de la construction Odebrecht dans des contrats en Angola en échange de pots-de-vin.
Un neveu de Lula mis en cause. "Les preuves recueillies pendant dix mois d'enquête montrent que l'entreprise Odebrecht aurait versé [en 2012] 20 millions de réais [soit 8,5 millions d'euros] à l'entreprise Exergia", affirme la police fédérale dans un communiqué. Or, il se trouve qu'un des associés d'Exergia, qui a passé un contrat avec Odebrecht pour des travaux de modernisation de la centrale hydroélectrique Cambambe, en Angola, est Taiguara Rodrigues, un neveu de l'ancien chef d'Etat Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010).
Une nouvelle ramification de l'enquête sur Petrobras. Selon les enquêteurs, ce dessous-de-table de 20 millions de réais versé par Odebrecht aurait atterri dans la poche de Lula et de son neveu. Les accusations contre l'ancien président, icône de la gauche latino-américaine, se basent sur l'Opération Janus, qui enquête sur des irrégularités dans le financement par la banque publique BNDES de chantiers en Angola.
D'après l'enquête, Lula, 70 ans, aurait facilité le prêt de BNDES à Odebrecht, le plus grand groupe de BPT d'Amérique latine, qui est impliqué dans le tentaculaire scandale politico-financier Petrobras. Le parquet devra maintenant décider de requérir une condamnation contre Lula ou non devant le juge.
Il "a toujours agi en conformité avec la loi". Dans un communiqué, l'Institut Lula qui représente l'ancien président, a indiqué que ce dernier avait toujours agi dans le cadre de la loi. "On enquête sur la vie de Lula depuis 40 ans, sur ses comptes et ceux de sa famille ; son secret bancaire, fiscal et téléphonique ont été levés et aucune irrégularité n'a été trouvée", souligne le texte. "Lula n'occupe plus de fonction publique depuis le 1er janvier 2011 et a toujours agi en conformité avec la loi, pendant et après ses deux mandats comme président de la République", ajoute l'institut.
Victime d'un complot "des élites". Le 20 septembre dernier, un juge fédéral avait annoncé que Lula serait jugé pour corruption et blanchiment d'argent dans un volet de l'affaire Petrobras. Lula a toujours rejeté les charges contre lui et dénonce leur caractère politique qui viseraient, selon lui, à l'éliminer de la course à la présidentielle de 2018. Il se dit victime d'un complot "des élites", dans la continuité du "coup d'Etat" parlementaire contre la présidente Dilma Rousseff, destituée par le Sénat le 31 août pour maquillage de comptes publics.