Huit surveillants et dix détenus ont été pris en otages pendant plusieurs heures dimanche lors d'une mutinerie dans une prison du Brésil, ont indiqué les autorités de l'Etat de Rio, où le maintien de l'ordre a été confié vendredi à l'armée.
Evasion ratée. La mutinerie avait débuté dans l'après-midi à la suite d'une tentative avortée d'évasion, à la prison Milton Dias Moreira de Japeri, à environ 55 km du centre de Rio de Janeiro, a précisé dans un communiqué l'administration pénitentiaire de Rio. Elle a pris fin vers minuit heure locale (4 heures du matin en France) avec la libération de tous les otages. Trois détenus ont été blessés.
L'armée va commander la police. Cette mutinerie survient alors que le président brésilien Michel Temer vient d'annoncer la création d'un ministère de la Sécurité publique. Il a également confié à l'armée le commandement des forces de police de l'État de Rio de Janeiro, en proie à une flambée de violence, une mesure inédite depuis le retour à la démocratie en 1985. Après l'annonce de ce décret, les autorités ont indiqué dimanche qu'elles avaient anticipé d'éventuelles réactions de colère dans les prisons, en mobilisant des "moyens de contrôle". "C'était prévu" (qu'il puisse y avoir des incidents, ndlr), a commenté le ministre de la Justice, Torquato Jardim.
Surpopulation carcérale. Le Brésil compte la troisième population carcérale du monde, avec 726.712 détenus recensés en juin 2016, soit quasiment deux fois plus que le nombre de places dans les prisons du pays. Cette surpopulation rend la situation carcérale explosive. Depuis le début de l'année, plusieurs graves mutineries ou accès de violences entre détenus ont déjà été recensées dans les établissements du pays. Le 29 janvier, dix détenus ont ainsi été tués lors d'affrontements entre membres de factions rivales de narcotrafiquants dans la prison d'Itapajé, à 125 km de Fortaleza. Le 1er janvier, une mutinerie dans une prison de Goias a fait neuf morts, certains ayant été décapités ou brûlés vifs. Un an auparavant, jour pour jour, 56 détenus avaient été sauvagement assassinés à Manaus (nord-ouest) pendant des émeutes sanglantes.