En Catalogne, les indépendantistes tiennent le haut du pavé. En organisant chaque année de gigantesques manifestations, ils ont donné l'impression que tous les Catalans faisaient bloc derrière l'indépendance, soutenue par le référendum contesté du 1er octobre. Pourtant, si on en croit les dernières élections et les sondages, un peu plus de la moitié de la région est en fait hostile à une sécession. Les "antis" descendent dans la rue ce dimanche.
Au lendemain de rassemblements qui ont réuni des dizaines de milliers de personnes un peu partout en Espagne pour "l’unité" et "le dialogue", les non-indépendantistes prennent la rue ce dimanche, avec une manifestation soutenue par plusieurs partis politiques anti-indépendance et plusieurs personnalités, comme l'écrivain Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature, de nationalité péruvienne et espagnole, qui a qualifié l'indépendantisme catalan de "maladie".
Contrer l'hégémonie médiatique des indépendantistes. D'habitude peu enclin à manifester, les anti-indépendances sont descendus par milliers. Selon le politologue Gabriel Colomé, la voie unilatérale empruntée par l'exécutif catalan a réveillé les oppositions : "Il y avait une majorité silencieuse et parfois réduite au silence. Et la majorité silencieuse commence à parler aussi." Grande première dans le débat sur l'indépendance, cette "majorité silencieuse" manifestera aux côtés des socialistes catalans.
Dans les médias catalans, notamment sur la chaîne régionale TV3, les unionistes n'ont pas souvent voix au chapitre. Certains dénoncent une hégémonie culturelle et médiatique des séparatistes. Issu d'une famille catalane depuis plusieurs générations, Alejo ira manifester ce dimanche. "Il se crée une fracture en Catalogne", s'inquiète-t-il. "Et on en vient à se fâcher définitivement avec nos meilleurs amis. L'autre jour, un gamin de 12 ans demandait à un autre s'il était indépendantiste. Quoi qu'il arrive, la rupture sociale en Catalogne va s'étaler sur plusieurs générations."