La Catalogne, appelée à voter pour des élections régionales cruciales, reste aux mains des indépendantistes. Selon des résultats quasi définitifs, les trois formations séparatistes disposent, avec 70 sièges au parlement régional, d'une courte majorité absolue (qui est à 68). Le parti anti-indépendance Ciudadanos serait le premier parti avec 36 élus, selon des résultats officiels portant sur 99% des bureaux de vote.
Ces résultats ouvrent un chapitre incertain dans la pire crise politique qu'ait connue l'Espagne depuis la tentative de putsch de février 1981. Cette élection anticipée a été convoquée par le gouvernement espagnol après la déclaration d'indépendance prononcée unilatéralement par les autorités catalanes, le 27 octobre dernier, après un référendum d'autodétermination interdit par Madrid.
Les infos à retenir :
- Les indépendantistes conservent la majorité absolue avec 70 sièges (majorité absolue fixée à 68), selon des résultats quasi définitifs
- Le taux de participation a atteint près de 82%, en forte hausse par rapport à 2015
- Carles Puigdemont, le dirigeant séparatiste en exil, a salué une victoire "que personne ne peut discuter"
Par le jeu des pondérations de voix profitant aux régions rurales, les indépendantistes ont la majorité au parlement mais ils n'ont pas une majorité en voix : 47,5 % des Catalans ont voté pour ces formations, mais 52,42% contre. C'est un score semblable à celui de 2015.
Une forte participation. Les 5,5 millions de Catalans appelés aux urnes ont voté en masse. Mobilisés par cet enjeu crucial après des semaines d'angoisse et de tensions, les Catalans ont formé dès le matin des files d'attente devant les bureaux, sous un soleil hivernal.
Puigdemont salue la victoire. Ces résultats marquent le retour sur le devant de la scène de Carles Puigdemont. L'ancien chef de l'exécutif catalan, dont le parti est arrivé en tête, est bien placé pour redevenir président de la région. Puigdemont s'est exilé volontairement à Bruxelles après sa destitution et la suspension de l'autonomie de la Catalogne par Madrid, en réponse au référendum d'autodétermination jugé illégal le 1er octobre suivi d'une déclaration symbolique d'indépendance.
Il a salué jeudi soir "un résultat que personne ne peut discuter". Le Premier ministre espagnol Mariano "Rajoy a perdu le plébiscite qu'il cherchait", et le fait que le camp indépendantiste reste majoritaire est "une claque", a jubilé Puigdemont dans une salle du centre de Bruxelles.
"Ce territoire est ingouvernable". Mais l'ancien chef de l'exécutif catalan pourra-t-il revenir dans sa région ? Notre correspondant Henry de Laguérie en doute. "Je ne vous raconte pas l’imbroglio politique et judiciaire à venir : Puigdemont en fuite à Bruxelles est en tête du camp indépendantiste. S’il rentre il sera arrêté. L’indépendantisme gagne en siège, pas en voix. Le parti de Rajoy est dernier. Ce territoire est ingouvernable", a écrit notre correspondant sur Twitter.
Je vous raconte pas l’imbroglio politique et judiciaire à venir : Puigdemont en fuite à Bruxelles est en tête du camp indépendantiste. S’il rentre il sera arrêté. L’indépendantisme gagne en siège, pas en voix. Le parti de Rajoy est dernier. Ce territoire est ingouvernable
— Henry de Laguérie (@henrydelaguerie) 21 décembre 2017
Un contexte très tendu. Le scrutin s'est déroulé sans incident malgré des semaines de tension. En octobre dernier, les indépendantistes, majoritaires au parlement régional depuis 2015, avaient organisé un référendum d'autodétermination interdit, marqué par des violences policières, qu'ils affirment avoir remporté avec 90% de "oui" et un taux de participation de 43%. Puis, le 27 octobre, 70 députés catalans sur 135 ont proclamé l'indépendance de la "République de Catalogne".
Ils ont espéré et demandé une médiation de l'Union européenne mais Bruxelles, inquiète d'une contagion du séparatisme après le Brexit, a pris le parti de Madrid. Pour tuer dans l’œuf la tentative de sécession, le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a mis la région sous tutelle et destitué le gouvernement. Il a aussi convoqué ce scrutin, assurant qu'il permettrait un "retour à la normalité". Une promesse qu'il semble, désormais, impossible à tenir.